DEBAT JEUDI 23 SEPTEMBRE 2010
Animé par :
- Jean-Jacques URVOAS, Secrétaire National du PS délégué à la sécurité
- François CUILLANDRE, maire de Brest
- La France a-t-elle besoin de shérifs ? Le pouvoir de police des maires doit-il grandir ? Doit-on aller vers une décentralisation de la politique de sécurité publique ?
La lutte contre l’insécurité est traditionnellement une mission régalienne de l’Etat, seul détenteur de la « violence légitime », celle qui doit servir à protéger les citoyens de façon égale et sur tout le territoire. Or le gouvernement Sarkozy, cherchant à se dédouaner d’un bilan désastreux en la matière, tend à désigner aujourd’hui les élus locaux comme responsables de son échec. Les propos en ce sens de Christian Estrosi cet été, à l’encontre des maires, révèlent une tendance de fond alarmante : l’Etat semble organiser un transfert rampant de sa compétence en matière de sécurité publique vers les municipalités. La démission de l’Etat en matière de sécurité est manifeste, comme en témoigne la coupe programmée dans les effectifs de la police nationale plus éloquente que tous les discours trompeurs de Sarkozy : 11 000 suppressions de postes de policiers et de gendarmes sont prévues d’ici 2013 ! Parallèlement, Brice Hortefeux a commandé un rapport en juin dernier sur le rôle souhaitable des polices municipales dans notre pays à l’avenir.
- Les maires seront-ils alors contraints de pallier la carence de l’Etat, en élargissant les pouvoirs de leur police municipale ? Les lois sécuritaires récentes en renforcent en tout cas toujours plus les compétences encourageant la dérive : initialement faite pour la prévention et la médiation de proximité, les missions de la police municipale peuvent flirter désormais avec celles de la police judiciaire.
- Fait notable, Brest est la seule grande ville avec Le Mans à résister fermement à cette logique de municipalisation du pouvoir de police. Le résultat semble corroborer le choix de ces maires à contre-courant : ces deux villes sont classées parmi les plus sûres de France ! Il s’agit aussi d’un choix de résistance contre le désengagement de l’Etat en matière de sécurité publique.