Invité de l’émission Bonjour Bretagne sur TBO le 15 septembre, avec le député macroniste Didier Le Gac, Jean-Luc Fichet a livré un constat sévère : la France s’enfonce dans la crise sociale pendant que l’exécutif s’entête. De la nomination de Sébastien Lecornu à Matignon à la détresse agricole, Jean-Luc Fichet a déroulé une critique sans détour.
Pour le sénateur du Finistère, une évidence s’impose : l’exécutif gouverne loin, bien trop loin, de la réalité des Français. Le fossé n’a jamais été aussi profond entre les réalités de terrain et un pouvoir enfermé dans ses certitudes.
Concernant la nomination de Sébastien Lecornu à Matignon, Jean-Luc Fichet n’a pas cherché à ménager ses mots. « Je n’ai pas été surpris, j’ai été atterré », a-t-il lâché d’emblée. Pour le sénateur socialiste, la reconduction annoncée de plusieurs ministres sortants et le choix du nouveau Premier ministre traduit l’aveuglement du chef de l’État. « Rien, rien de ce qui s’est dit pendant tous ces derniers mois, ou ces dernières années, n’a été entendu », a-t-il insisté.
Pour le sénateur du Finistère, la France traverse une crise de confiance profonde que le gouvernement refuse de voir. À propos de l’hypothèse, un temps évoquée, d’une nomination d’Olivier Faure, le sénateur du Finistère a rappelé la démarche des socialistes : « Nous n’avons pas claqué la porte, nous avons tenté de voir comment nos propositions pouvaient être intégrées. Rien ne laisse penser que nous serons entendus. » Avant de prévenir : « Si dans les jours qui viennent nos propositions ne sont pas reprises, nous nous orienterons vers une motion de censure. »
Le mouvement « BloquonsTout » du 10 septembre a constitué un avertissement ignoré par le pouvoir : une colère que l’exécutif choisit de balayer à ses risques et périls.
Sur le budget, la ligne de fracture est apparue clairement. Didier Le Gac, député de la majorité, a assuré que dans sa permanence, les habitants demandaient avant tout de « trouver un accord » pour voter la loi de finances. « Alors là, on ne doit vraiment pas voir les mêmes personnes dans nos permanences », a rétorqué le sénateur du Finistère, confronté à une autre réalité : des foyers à découvert dès le 25 du mois, des familles privées de médecin, des patients perdus dans les files d’attente de l’hôpital. Dans ses mots, le budget n’est pas une équation technique, mais un choix de société.
Pour Jean-Luc Fichet, un autre cap budgétaire s’impose. Interrogé sur la taxe Zucman, le sénateur a été direct : « On ne va pas cracher sur 20 milliards, vu l’état des finances. » Une mesure limitée, a-t-il rappelé, aux 1 800 contribuables les plus riches, disposant d’au moins 100 millions d’euros. « Les TPE et les PME ne sont pas concernées. » Mais le véritable enjeu n’est pas là. « Ce sont surtout les 290 milliards d’aides publiques aux entreprises qu’il faut contrôler », a-t-il insisté. Quant aux économies mises en avant par l’exécutif, comme la suppression des avantages des anciens Premiers ministres, le sénateur a coupé court : « C’est marginal. Ça ne changera rien. »
L’impasse budgétaire dans laquelle huit ans de macronisme ont conduit le pays se traduit très concrètement dans la vie quotidienne des Françaises et des Français, notamment dans le domaine de la santé. « Aujourd’hui, dans le Finistère, plus de 15 000 personnes n’ont pas de médecin. Et l’accès à l’hôpital est devenu impossible », a relevé Jean-Luc Fichet. Les annonces du gouvernement ne l’ont pas convaincu : « Créer des centres de santé ? Il y en a déjà 2 000 en France… mais sans médecins. » Sans mesures contraignantes, la fracture médicale ne fera que s’aggraver.
À la veille du Salon international de l’élevage de Rennes, alors que la FNSEA appelle à des journées d’action, Jean-Luc Fichet a alerté sur le déclassement français. La France est passée du deuxième au cinquième rang mondial des exportations en vingt ans. « On a créé de grandes structures avec des niveaux d’endettement énormes. Mais demain, comment pourront-elles continuer à fonctionner sans relais ? » a averti le sénateur. Pour lui, les faux-semblants ne pouvaient tenir lieu de stratégie. « Ce n’est pas en réautorisant les néonicotinoïdes qu’on sauvera l’agriculture. La France était exemplaire sur ce sujet. Il fallait continuer. » Revenir sur les néonicotinoïdes, c’est tourner le dos à l’exemplarité et condamner notre agriculture à l’impasse.
Quelques jours avant la très forte mobilisation du 18 septembre, Jean-Luc Fichet a placé le bloc macroniste face à ses responsabilités : entendre la colère et prendre enfin des mesures de justice fiscale et sociale ou prendre le risque, une fois de plus, de voir tomber le gouvernement.
Retrouvez l’intégralité de l’émission en replay ici.