AU CONGRÈS DES MAIRES, LES COMMUNES FACE AU DÉFI DE L’ACCESSIBILITÉ

Vingt ans après la grande loi de 2005 sur le handicap, l’heure n’était pas à l’autosatisfaction, mardi, au Congrès des maires de France. En dévoilant les résultats de son enquête nationale, l’AMF a dressé un constat sans fard : les collectivités ont progressé, parfois nettement, mais les disparités territoriales restent fortes et les retards nombreux.

Mardi, lors du forum consacré à la place des personnes en situation de handicap dans la commune, une même idée s’est imposée : l’accessibilité doit retrouver sa place au centre des politiques publiques locales, et ne plus être traitée comme un sujet périphérique ou technique.

Dans les petites communes, les équipements publics restent plus faciles à adapter. Ailleurs, le poids du patrimoine ancien comme les mairies classées, les écoles d’époque ou les églises fait grimper les coûts et rallonge les délais. La voirie raconte la même histoire : certains centres-bourgs ont été entièrement repris, quand d’autres peinent encore à élargir des trottoirs trop étroits ou à sécuriser les traversées. Quant aux transports, ils demeurent le maillon le plus fragile, dans un paysage où les compétences se répartissent désormais entre intercommunalités et régions.L’accessibilité ne se limite pourtant pas aux aménagements matériels. Le sujet concerne aussi l’organisation interne des communes, l’accueil, la culture de travail et la manière dont les collectivités prennent en compte la diversité des situations.

C’est dans ce contexte qu’est intervenue Isabelle Assih, maire de Quimper et référente nationale Handicap et Accessibilité de l’AMF. À la tribune, l’élue a rappelé que l’accessibilité ne se limite pas aux aménagements physiques : elle concerne aussi la manière dont les services publics accueillent, orientent et accompagnent les personnes concernées. L’enjeu, a-t-elle insisté, est d’inscrire cette exigence dans toutes les politiques locales, en prenant en compte les handicaps visibles comme les handicaps invisibles.

L’intervention a aussi été l’occasion d’insister sur la question des moyens. À l’approche du vote des budgets locaux, Isabelle Assih a appelé à préserver les capacités financières des collectivités, condition nécessaire pour poursuivre les investissements liés à l’inclusion et à l’accessibilité.

D’autres intervenants du forum ont élargi le propos, en rappelant la nécessité de créer un climat de confiance au sein des équipes municipales pour permettre aux agents concernés de se déclarer et d’être accompagnés. L’enjeu concerne aussi l’école et le périscolaire, où le manque d’AESH, notamment à la pause du midi, reste un point de tension majeur pour les communes.

Sur le numérique, les marges de progrès sont importantes. Un grand nombre de sites municipaux ne répondent toujours pas aux critères d’accessibilité, alors même que l’accès à l’information locale est devenu essentiel dans la vie quotidienne et la participation citoyenne.

Enfin, certains représentants associatifs ont appelé à des engagements précoces dans les prochains mandats municipaux, rappelant que les programmations pluriannuelles sont déterminantes pour structurer les travaux d’accessibilité. La question de sanctions pour les communes en retard a même été évoquée, signe d’une impatience grandissante vingt ans après la loi de 2005.

Peu à peu, le tableau qui se dessine est sans ambiguïté : les communes ont engagé un mouvement, mais les écarts restent profonds et les besoins immenses. L’accessibilité n’est plus un dossier technique que l’on traite à la marge ; elle touche l’école, les services publics, les déplacements, la vie sociale. Tout ce qui façonne la vie d’une commune.

Les leviers existent, les priorités sont connues. L’enjeu, désormais, est de passer du constat aux réalisations, et de réduire les distances qui séparent encore les territoires les plus avancés de ceux qui peinent à suivre.

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