BUDGET 2026 : LES COLLECTIVITÉS SOMMÉES DE FAIRE PLUS, ENCORE ET TOUJOURS

Le 6 mai, François Bayrou réunissait à l’Hôtel de Roquelaure les principales associations d’élus locaux pour une conférence financière des territoires, censée poser les bases de la préparation du budget 2026. Dans les faits, ce rendez-vous n’a fait que confirmer ce que beaucoup redoutaient : les collectivités devront une nouvelle fois assumer une part significative de l’effort de redressement des comptes publics.

Avec un déficit public à contenir à 4,6 % du PIB l’an prochain et 40 milliards d’euros d’économies à dégager, le gouvernement ne cache plus ses intentions. Le chiffre de 8 milliards d’euros à la charge des collectivités a circulé, sans être confirmé officiellement, mais sans être démenti non plus.

Une réunion qui n’en avait que le nom

Le Premier ministre a répété que la dynamique des dépenses locales restait trop élevée. Il s’appuie notamment sur l’augmentation des dépenses de fonctionnement (+3,9 %), des frais de personnel (+4,4 %) ou encore des achats et charges externes (+6,7 %). Mais ces chiffres, présentés hors contexte, traduisent avant tout les conséquences de décisions prises ailleurs : revalorisations salariales imposées, transition écologique à financer, nouvelles missions sans compensation.

Côté élus, le ton est ferme. L’AMF a dénoncé une rencontre qui n’avait rien d’un véritable échange de travail. Intercommunalités de France a rappelé que les moyennes nationales masquent une réalité beaucoup plus contrastée. Toutes deux demandent une vraie concertation et des engagements concrets, notamment sur la stabilité des recettes locales et la fin de mécanismes pénalisants comme l’écrêtement de la TVA.

Des « pistes » aux allures d’injonctions

Le gouvernement évoque quelques leviers possibles : mutualisations de services, gestion des départs en retraite, modération salariale… Rien de très nouveau, et surtout rien qui prenne réellement en compte les contraintes de terrain. Derrière ces propositions, certains redoutent le retour de mesures déjà rejetées l’an dernier, comme la baisse du taux de remboursement du FCTVA.

De leur côté, les collectivités ne contestent pas la nécessité d’un effort partagé. Elles demandent simplement que celui-ci repose sur des bases équitables, qu’il tienne compte des réalités locales et qu’il ne compromette pas la capacité d’investissement public, dont elles assument aujourd’hui l’essentiel.

Une méthode qui interroge

La tenue d’une seconde conférence en juillet, à l’issue des groupes de travail qui se réuniront jusqu’à la fin du mois de juin, devrait permettre au gouvernement de dévoiler ses intentions dans le cadre du projet de loi de finances pour 2026.

Certaines pistes déjà rejetées en 2025, comme la réforme du FCTVA ou la création du fonds Dilico, pourraient pourtant réapparaître dans les débats à venir. Une perspective qui appelle à la plus grande vigilance. D’ici là, les collectivités, une fois de plus, sont priées de patienter.

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