DÉCENTRALISATION : LES INTERCOS REFUSENT LE GRAND CHAMBARDEMENT

À l’heure où le gouvernement prépare un nouvel acte de décentralisation, l’inquiétude se fait sentir parmi les intercommunalités. À l’occasion de la rencontre organisée mercredi 3 décembre par la ministre Françoise Gatel, Intercommunalités de France a tenu à rappeler, via un communiqué de presse, un principe simple : ne pas défaire ce qui fonctionne.

Plusieurs pistes évoquées à Paris laissent pourtant entrevoir l’idée d’une révision globale des compétences locales, notamment dans le domaine du développement économique. Pour les présidentes et présidents d’intercommunalité, un tel scénario serait difficilement justifiable. Depuis plusieurs années, l’action économique repose sur un partenariat solide entre les intercommunalités et les régions, avec des résultats largement reconnus en matière de réindustrialisation et d’accompagnement des entreprises. Modifier cet équilibre reviendrait à remettre en cause un cadre éprouvé sur le terrain.

Le débat ne se limite pas à la préservation des acquis. Intercommunalités de France estime que la priorité devrait être d’achever les décentralisations déjà engagées. C’est le sens de la contribution adressée au Premier ministre, signée par Sébastien Miossec, président délégué de l’association et président de Quimperlé Communauté, dans un courrier daté du 31 octobre 2025.

Ce courrier pointe la persistance de responsabilités imbriquées entre l’État et les collectivités, sources de coûts, de lenteurs et d’un manque de lisibilité, et souligne la nécessité de clarifier les rôles afin de renforcer l’efficacité des politiques publiques.

Dans plusieurs domaines, les intercommunalités demandent par ailleurs une montée en responsabilité. La politique de l’habitat en fait partie, avec l’enjeu de consolider le statut d’autorité organisatrice. La rénovation énergétique constitue un autre champ où une décentralisation progressive est attendue depuis longtemps. Les questions de mobilité, d’urbanisme, d’eau, d’assainissement et d’accès aux soins figurent également parmi les sujets où les territoires souhaitent davantage de clarté et de moyens.

Le contexte du Budget 2026 renforce ces attentes. Les collectivités sont fortement sollicitées et font face à une visibilité financière réduite. Dans ce climat, de nombreux élus locaux plaident pour une réforme qui clarifie et stabilise l’action territoriale, plutôt qu’une redistribution abstraite des compétences actuellement exercées avec cohérence dans les bassins de vie.

La contribution signée par Sébastien Miossec insiste également sur la nécessité d’une décentralisation adaptée aux réalités des territoires. L’association appelle à s’appuyer davantage sur la contractualisation et l’expérimentation afin de permettre des solutions modulables en fonction des besoins locaux. Une approche uniforme ne peut pas répondre à la diversité des situations auxquelles les collectivités sont confrontées.

Au-delà des débats institutionnels, ce sont les politiques publiques du quotidien qui occupent désormais le cœur des préoccupations : soutien aux commerces, rénovation de l’habitat, gestion de l’eau, mobilité quotidienne, accès aux soins, transition écologique. Préserver l’équilibre actuel, tout en clarifiant les compétences et en donnant des moyens adéquats, revient à protéger la capacité d’action des territoires.

Les semaines à venir seront déterminantes. Les associations d’élus ont annoncé leur intention de défendre une décentralisation utile, lisible et tournée vers l’efficacité. Dans ce débat national, la voix des élus locaux du Finistère, portée notamment par Sébastien Miossec, compte bien rester pleinement audible.

Pour aller plus loin :
Le communiqué de presse d’Intercommunalités de France
La contribution d’Intercommunalités de France adressée au Premier ministre

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