Le gouvernement a annoncé, ce 26 juin, un nouveau gel de 3 milliards d’euros de crédits d’État, s’ajoutant à d’autres mesures d’économies pour tenter de contenir le déficit public à 5,4 % du PIB d’ici la fin de l’année. Cette décision a été prise à l’issue de la deuxième réunion du comité d’alerte sur les finances publiques, une instance mise en place pour suivre, mois après mois, l’exécution budgétaire.
Une troisième réunion est déjà annoncée pour septembre. Et entretemps, les arbitrages budgétaires pour 2026 devraient être dévoilés autour du 14 juillet. Les collectivités sont prévenues : la rigueur budgétaire est loin d’être derrière elles.
Des dépenses locales… sous surveillance
Le rapport présenté par la Direction Générale des Finances Publiques lors du comité d’alerte pointe une progression plus rapide que prévue des dépenses de fonctionnement des collectivités, notamment dans le bloc communal (+3,4 % par rapport à 2024). Les dépenses des départements (+1,4 %) et des régions (+0,2 %) évoluent de manière plus modérée.
Du côté du gouvernement, cette hausse soulève des inquiétudes. Mais plusieurs voix se sont élevées pour rappeler que cette dynamique est en grande partie subie, et non choisie. L’augmentation des cotisations retraites, les charges externes (+8,6 %), ou encore les transferts de compétences décidés par l’État pèsent lourdement sur les budgets locaux.
Des chiffres contestés, des collectivités stigmatisées
Face au discours ministériel, Intercommunalités de France a publié ses propres données, issues d’un panel d’une centaine d’intercommunalités représentant près d’un quart de la population française. Elles indiquent une hausse moyenne des dépenses de fonctionnement contenue à 1,2 %, soit en deçà des prévisions de la loi de finances (2 %) et de l’inflation anticipée (1,8 %). Un écart significatif, qui interroge la manière dont le gouvernement construit son diagnostic.
Lors de la réunion du comité, Sébastien Miossec, président délégué d’Intercommunalités de France, a tenu à rejeter l’idée que les collectivités soient responsables du déséquilibre des comptes publics. Il a rappelé que l’évolution des dépenses locales est globalement maîtrisée et que les chiffres arrêtés à fin mai ne préjugent en rien de la situation en fin d’année. Une analyse que le ministre François Rebsamen lui-même a nuancée, soulignant que ces indicateurs de début d’exercice sont « à prendre avec prudence ».
Sortir du soupçon, imposer la concertation
Parmi les pistes évoquées pour sortir d’une logique de soupçon permanent, certains élus ont plaidé pour un versement direct des dotations de soutien à l’investissement via la Dotation Globale de Fonctionnement. Cette option permettrait d’éviter les appels à projets complexes, chronophages et inégalitaires, tout en assurant une meilleure prévisibilité budgétaire.
Enfin, le ministre Rebsamen aurait confirmé la tenue prochaine d’une conférence des territoires, réclamée par plusieurs associations d’élus. Une annonce bienvenue, à condition que cette conférence ne soit pas une simple chambre d’enregistrement, mais le lieu d’une concertation réelle et fondée sur des données partagées.