Les communes rurales face aux fermetures de classes

Alors que l’Éducation nationale vient d’informer, sans aucune consultation préalable, de nombreux maires ruraux des projets de fermetures de classes, les écoles rurales sont le théâtre d’un drame. C’est la bronca dans les communes finistèriennes, pas moins de 35 fermetures de classes rien que sur le département … Des fermetures qui pénalisent les familles et privent les communes d’un élément central d’attractivité. Des petites communes qui investissent pourtant beaucoup pour mettre leur école aux normes. Mais le nombre de professeurs disponibles sert de variable d’ajustement. Le système actuel pâtit d’effets de seuil : il suffit d’un seul élève pour fermer une classe, mais il en faut beaucoup plus pour en ouvrir une. 

Cette révision de la carte scolaire pour 2023 et l’annonce de fermetures de classes ou d’écoles suscitent une vive inquiétude et beaucoup d’incompréhension auprès des élus locaux et parents d’élèves. Des élus qui ne ménagent pourtant pas leurs engagements au quotidien et qui sont les mieux placés pour connaitre les besoins de leur territoire.

Alors qu’Emmanuel Macron, en avril 2019, annonçait : « Il n’y aura plus de fermetures d’écoles sans l’accord du maire. »  Ce mercredi, au Sénat, Le ministre Pap Ndiaye, n’a pas manqué de préciser : « Aucune fermeture d’école, et non de classe, ne peut intervenir sans l’accord du maire, eh oui, ce n’est pas la même chose ». 

Plusieurs sénateurs n’ont pas manqué d’interpeller le gouvernement sur ces fermetures mais pour le ministre de l’Éducation nationale « Tout est normal ! » …

Un sénateur du Puy-de-Dôme, a dénoncé « la fermeture de centaines de classes » et la suppression de « 2 000 postes » d’enseignants sur  tout le territoire. « Vous multipliez le dédoublement des classes dans les zones prioritaires, pendant que le monde rural paie votre vision comptable déséquilibrée, a-t-il fustigé. « Nos villages sont aussi des zones prioritaires ! ».

Le ministre de l’Éducation nationale, impassible, n’a pas manqué d’ajouter : « le nombre des élèves baisse, il est donc normal de fermer des classes. Il y aura 500 000 élèves de moins dans les cinq années à venir, dont 90 000 à 100 000 dès la rentrée prochaine ». Face à cette réalité, la « ligne » du ministère est de « s’adapter aux réalités locales tout en tenant compte des territoires ruraux ». Le ministre s’est défendu de toute vision « comptable » en citant l’exemple du département auvergnat : « il faudrait 25 professeurs en moins, mais nous n’en retirons que 9 ». Il estime que malgré les fermetures de classes, « le taux d’encadrement va donc s’améliorer ». 

Face aux arguments peu convaincants du ministre, un sénateur du Puy-de-Dôme a rétorqué : « Vous parlez chiffres, taux, ratiosMais vous amplifiez la colère des maires et des citoyens de ces territoires, qui subissent déjà les déserts médicaux, le ZAN, les éoliennes, la diminution des tournées du facteur, les problèmes d’accessibilité… Cessez ce sacrifice de la ruralité sur l’autel des chiffres et des normes ! ». 

De son côté, L’AMF précise avoir réclamé à plusieurs reprises l’extension du principe de non-fermeture d’école sans l’accord du maire, aux classes, qui n’a été accordée que pour la rentrée 2020 dans le contexte de la crise sanitaire. Pour l’Association des Maires de France, une telle mesure serait la plus adaptée vis à vis du rôle de partenaire incontournable que joue la commune dans la vie de l’école au regard des investissements consentis. 

Le gouvernement ne semble pas prendre la mesure qu’il est indispensable d’agir collectivement pour que l’éducation des enfants soit la meilleure possible, dans des conditions optimales pour l’ensemble des acteurs concernés, et surtout toujours en lien avec les élus.

 « Une bonne éducation est le plus grand bien que vous puissiez laisser à vos enfants » (La Belle éducation – Laurent Bordelon – 1694).

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