UNE CAMPAGNE MUNICIPALE QUI COMMENCE… SANS MODE D’EMPLOI

La campagne démarre, mais les outils indispensables manquent toujours. Tandis que les communes commencent à organiser leurs listes et leurs réunions de début d’année, le ministère de l’Intérieur n’a toujours pas publié le Mémento censé guider candidats et équipes municipales. Un silence qui étonne, inquiète parfois, et qui complique les choses plus qu’on ne l’admet.

Normalement, ce document arrive tôt dans l’automne. Il donne la marche à suivre, rappelle les points sensibles, sécurise les démarches. Cette fois, rien. Les préfectures, elles, promettent de le mettre en ligne dès qu’il sortira, sans pouvoir dire quand. Pendant ce temps, les listes se montent, et chacun fait avec les moyens du bord.

La situation devient encore plus délicate dans les communes de moins de 1 000 habitants. C’est pourtant là que la réforme est la plus profonde : scrutin de liste paritaire, possibilité de présenter deux noms de moins, nouvelles règles d’attribution des sièges. Or, ces règles existent… sans exister vraiment. Elles ont été votées, mais n’apparaîtront dans les Codes qu’en mars, le jour où elles entreront effectivement en vigueur. Résultat : celui qui cherche aujourd’hui les bonnes informations lit encore l’ancien mode de scrutin. Il faut fouiller, naviguer dans les versions avancées de Légifrance, et espérer ne pas se tromper. 

À cela s’ajoute un autre absent : les formulaires Cerfa. Les anciens, datés de 2020, ne seront plus acceptés. Les nouveaux doivent intégrer une déclaration d’inéligibilité et plusieurs ajustements liés à la réforme. Ils n’ont pas été publiés non plus. Dans les communes les plus peuplées, où une liste peut aligner quarante ou cinquante noms, ce simple retard complique des démarches déjà fastidieuses. On risque d’attendre janvier pour découvrir les documents obligatoires, et février pour tout finaliser dans l’urgence.

Ce qui frappe, dans les retours du terrain, c’est moins l’agacement que la lassitude. Les élus avancent comme ils peuvent, discutent de la composition des listes, tentent d’anticiper, mais tout cela repose sur des informations éclatées, parfois contradictoires, souvent incomplètes. On devine la même phrase partout : “On fera au mieux, mais on aimerait savoir exactement ce qu’on attend de nous.”

La démocratie locale n’a rien à gagner à ce brouillard. Les municipales reposent sur des citoyens qui s’engagent, parfois pour la première fois, souvent avec peu de moyens et beaucoup de bonne volonté. Leur demander de naviguer ainsi, sans guide et sans documents officiels, revient à leur compliquer la tâche inutilement.

Le ministère assure que les Mémentos sont “en validation”. Les communes, elles, espèrent surtout qu’ils sortiront vite. Très vite. Parce qu’une campagne municipale sans mode d’emploi, ce n’est pas seulement inconfortable : c’est une manière étrange de commencer un rendez-vous démocratique aussi essentiel.

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