715 LOGEMENTS ÉTUDIANTS POUR LA BRETAGNE, UN PLAN BIEN EN DESSOUS DES BESOINS

715 logements étudiants pour toute la Bretagne d’ici 2027. Le chiffre, tiré de la circulaire adressée fin août par Matignon aux préfets et aux recteurs, en dit plus long qu’un discours. Face aux dizaines de milliers d’étudiants bretons, et aux files d’attente qui s’allongent devant les Crous, l’État s’est autorisé des annonces sans commune mesure avec la réalité.

Des promesses nationales, des quotas dérisoires

La circulaire signée fin août inscrit le logement étudiant parmi les « politiques prioritaires du gouvernement ». Objectifs affichés : 30 000 logements sociaux et 15 000 logements intermédiaires d’ici 2027. Pour accompagner cette trajectoire, la Banque des Territoires déploie le programme AGiLE, doté de 5 milliards d’euros, censé financer 75 000 places d’ici 2030.

Mais dans les territoires, la déclinaison tombe comme un couperet : seulement 715 places nouvelles pour la Bretagne en trois ans, puis 1 350 supplémentaires entre 2028 et 2030. Rien n’indique la part qui reviendra au Finistère. Et pendant que l’État comptait ses quotas, la crise s’aggravait.

Brest, capitale étudiante sous pression

Près de 30 000 étudiants poursuivent leurs études à Brest. Deux sur trois vivent hors du domicile parental. L’offre publique plafonne : 1 424 places au Crous, complétées par une poignée de logements HLM. Un rapport dérisoire. Pire, l’incendie de la résidence de Lanrédec en mars dernier a supprimé 147 chambres du parc universitaire, privant les plus précaires d’une solution déjà rare.

L’Adeupa, agence d’urbanisme locale, est formelle : la pression atteint des sommets, avec près de quinze demandes pour chaque studio Crous disponible. Rennes et Nantes, déjà en tension, affichent à peine la moitié de ce ratio.

Certes, Brest Métropole Habitat porte de nouveaux projets et la rénovation du Bouguen progresse. Mais chacun mesure le décalage entre l’énergie locale et l’insuffisance nationale.

QBO face à l’urgence étudiante

À Quimper, le constat est brutal : pour 5 000 étudiants, la ville ne compte que 650 logements publics. Résidences privées saturées, cité Crous pleine dès juin, beaucoup finissent en colocation par défaut, chez l’habitant, voire au camping.

Quimper Bretagne Occidentale, elle, ne reste pas les bras croisés. Son office public, l’OPAC, porte près de 500 chambres pour étudiants et jeunes travailleurs, quand l’État se contente d’annoncer. L’intercommunalité encourage aussi les propriétaires à louer une chambre meublée à un étudiant, en lien avec l’ADIL et le Crous. Des solutions qui ne couvrent pas tout, mais qui traduisent une volonté locale d’agir concrètement pour la jeunesse.

Quand les territoires pallient l’absence d’État

À Brest comme à Quimper, les collectivités multiplient les initiatives. À Brest, le Service Habitat Jeunes du Finistère, financé par la métropole et la CAF, a accompagné 172 jeunes en un an. Un bilan jugé « très positif », mais qui montre aussi l’ampleur du besoin : 87 % des demandes concernaient la métropole.

Ces exemples locaux disent tout : quand l’État multiplie les circulaires, ce sont les communes et les intercommunalités qui se retroussaient les manches. Elles rénovent, construisent, accompagnent, et cherchent à sécuriser le parcours résidentiel des jeunes.

Le signal envoyé aux territoires

Le décalage est criant : les municipalités finistériennes, Brest en tête, portent des projets mais ne peuvent combler, seules, des années de sous-investissement. Le vrai risque n’est pas seulement la pénurie : c’est que demain, faute de toit, certains jeunes renoncent à leurs études. Voilà l’enjeu que la circulaire ignore.

La circulaire complète, qui détaille les objectifs par région, est disponible ici.

Posted in Actu.