DÉSERTS MÉDICAUX : ENTRE COMPROMIS ET DEMI-MESURES, LE GOUVERNEMENT RECULE ENCORE FACE À L’URGENCE

87 % du territoire classé en désert médical, six millions de personnes sans médecin traitant : les chiffres traduisent une urgence sanitaire que personne ne peut ignorer. C’est dans ce contexte que François Bayrou, Premier ministre, a dévoilé le 25 avril dernier dans le Cantal son nouveau « pacte » contre les déserts médicaux. Mais une fois de plus, les mesures présentées esquivent soigneusement la véritable régulation de l’installation des médecins pourtant attendue par nombre d’élus locaux et préconisée par une proposition de loi transpartisane conduite par Guillaume Garot, député socialiste.

L’idée-phare de ce nouveau dispositif ? Une « solidarité territoriale obligatoire » obligeant les médecins des territoires voisins à consacrer jusqu’à deux jours par mois aux consultations dans les zones dites « rouges », les plus touchées par le manque de professionnels. Sur le papier, le principe semble attractif, mais dans la réalité, cette obligation pourrait s’avérer impraticable. Comment en effet mobiliser des médecins déjà débordés par leurs propres patients, sans créer de nouvelles difficultés dans leurs cabinets d’origine ?

Si le gouvernement prévoit des mesures complémentaires, comme l’ouverture d’une première année d’études médicales dans chaque département, la création d’un statut de « praticien territorial de médecine ambulatoire » ou encore la mise en place d’un guichet unique d’aide à l’installation, ces annonces relèvent surtout d’une tentative d’organisation administrative plutôt que d’une réponse immédiate à l’urgence. Là encore, les territoires sous-dotés devront attendre pour mesurer l’effet réel de ces dispositifs.

Le Premier ministre n’a pas caché que ce « pacte » constitue, selon ses propres termes, « la dernière chance » avant que ne s’impose une remise en cause du libre choix d’installation des médecins. Une reconnaissance implicite des limites de l’approche actuelle, qui renforce la nécessité d’une intervention beaucoup plus déterminée.

La régulation de l’installation médicale, réclamée de longue date par les élus locaux et portée clairement par la proposition de loi transpartisane conduite par Guillaume Garot, reste donc l’angle mort de cette politique gouvernementale. Le choix du gouvernement de repousser une régulation pourtant indispensable traduit, une fois encore, un manque d’ambition politique face à une crise sanitaire territoriale qui n’a que trop duré. En l’état, les mesures proposées risquent fort de ne constituer qu’un pansement sur une plaie ouverte.

Le gouvernement prévoit une évaluation trimestrielle de ce pacte, dont l’efficacité réelle reste à démontrer. Pendant ce temps, l’examen de la proposition de loi portée par Guillaume Garot, déjà entamé à l’Assemblée nationale, doit se poursuivre début mai, et suscite de fortes attentes, tant des élus que des habitants dans les territoires.

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