LOGEMENT : QUAND LE GOUVERNEMENT RECYCLE DES MÈTRES CARRÉS FAUTE DE VISION

C’est une idée qui revient à chaque fois que la crise du logement s’aggrave. Transformer des bureaux en logements. Simple, efficace, presque magique. À en croire le gouvernement, il suffirait de quelques ajustements réglementaires pour libérer des milliers de mètres carrés. Une formule qui claque davantage qu’elle ne construit.

Les élus de terrain le savent bien. Les obstacles techniques sont nombreux. Normes d’accessibilité, désamiantage, ventilation, exposition à la lumière, absence de balcons ou d’espaces extérieurs, tout cela pèse lourd dans la balance. Sans compter que ces bureaux sont souvent situés loin des écoles, des commerces ou des transports. Ils ont été pensés pour le tertiaire, pas pour la vie quotidienne.

La Fédération des élus des Entreprises Publiques Locales (EPL) rappelle d’ailleurs que ce type de reconversion représente moins de 1 % de la production annuelle de logements. Ce chiffre dit tout. Derrière les effets d’annonce, cette piste reste marginale. Et souvent plus coûteuse qu’une construction neuve.

Certaines collectivités n’ont pas attendu les ordonnances pour passer à l’action. À Brest Métropole, la résidence Iroise, en cours de construction dans le quartier de Kerlinou, incarne cette volonté de reprendre la main sur le foncier. Sur les 31 logements prévus, 12 seront proposés en bail réel solidaire, un dispositif qui dissocie le coût du bâti de celui du terrain. Résultat : des T2 accessibles dès 136 000 euros, des T3 à 187 000 euros, avec TVA réduite, extérieurs, stationnement et espaces partagés. Des prix nettement inférieurs au marché local, rendus possibles uniquement grâce à la maîtrise publique du foncier. Une démonstration par l’exemple : pour rendre l’accession à la propriété possible sans alimenter la spéculation, il faut des outils, mais surtout une volonté politique.

Ce n’est donc pas une question de faisabilité. C’est une question de volonté. Quand la puissance publique choisit d’intervenir, elle peut faire autrement. Pas en bricolant à coups de réhabilitations incertaines, mais en planifiant, en maîtrisant le foncier, en relançant la production de logements sociaux.

Ce qu’il faut aujourd’hui, ce n’est pas transformer des mètres carrés. C’est changer de cap. Réarmer l’action publique. Produire du logement là où les besoins sont. Encadrer les prix. Reprendre la main sur le droit à habiter.

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