Gabriel Attal : Un remaniement gouvernemental à droite de l’échiquier

Jeudi soir, le remaniement ministériel a été officiellement dévoilé, avec des choix particulièrement surprenants, notamment la nomination inattendue de Rachida Dati au ministère de la Culture. Une réorganisation gouvernementale qui semble plus être une réorganisation limitée qu’un véritable remaniement, car la plupart des ténors politiques de la droite conservent leurs postes ministériels, tous occupés par des hommes. Actuellement, l’équipe ministérielle compte 14 membres, avec une prochaine annonce prévue pour les ministres délégués et les secrétaires d’État, en particulier ceux liés aux collectivités territoriales. Le premier Conseil des ministres de cette nouvelle équipe est prévu pour le vendredi 12 janvier.

Moins de 48 heures après le remplacement d’Élisabeth Borne par Gabriel Attal, le secrétaire général de l’Élysée a annoncé la composition du premier gouvernement sous la direction de Gabriel Attal. Néanmoins, plusieurs postes clés, tels que le logement, les transports et la fonction publique, restent vacants, ce qui suscite des préoccupations parmi les observateurs et les acteurs des politiques publiques quant à la perte de ministères à part entière.

L’une des surprises marquantes de ce remaniement est la nomination de Rachida Dati au ministère de la Culture. Cette décision intervient peu de temps après les critiques de sa prédécesseure, Rima Abdul Malak, concernant la loi sur l’immigration. Rachida Dati, cheffe de l’opposition au conseil municipal de Paris, maire du 7e arrondissement et ancienne garde des Sceaux sous le quinquennat de Nicolas Sarkozy, prend ainsi la tête du ministère de la Culture.

Catherine Vautrin (Horizons), présidente du Grand Reims, qui était pressentie pour le poste de Premier ministre mais a été devancée par Élisabeth Borne, se voit confier le ministère du Travail, de la Santé et des Solidarités, créant ainsi un « super ministère ». Catherine Vautrin avait récemment été chargée par le gouvernement précédent d’une mission sur le coût des normes et les doublons de compétences entre les collectivités locales et l’État.

Stéphane Séjourné, ancien membre du Parti socialiste et conseiller politique d’Emmanuel Macron depuis 2017, succède à Catherine Colonna en tant que ministre des Affaires étrangères.

Marie Lebec, députée depuis 2017, est nommée ministre des Relations avec le Parlement.

Plusieurs ministres changent de portefeuille. Amélie Oudéa-Castéra, ministre des sports et des Jeux Olympiques, prend également en charge le ministère de l’Éducation nationale et de la jeunesse, créant ainsi un autre « super-ministère ». Prisca Thévenot, qui était précédemment en charge de la jeunesse et du Service national universel, devient porte-parole du gouvernement en remplacement d’Olivier Véran et est également ministre déléguée au renouveau démocratique. Aurore Bergé, ancienne ministre des Solidarités et des familles, est nommée ministre déléguée auprès du Premier ministre, chargée de l’égalité femmes-hommes et de la lutte contre les discriminations.

Malgré les controverses, certains ministres conservent leur poste. Gérald Darmanin reste au ministère de l’Intérieur, Bruno Le Maire continue de diriger le ministère de l’Économie, des Finances, des Souverainetés industrielles et du Numérique, Eric Dupond-Moretti reste en poste en tant que Garde des Sceaux et ministre de la Justice, Christophe Béchu demeure ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, Sébastien Lecornu conserve le portefeuille des Armées, Marc Fesneau reste ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, et Sylvie Retailleau continue à être ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche.

Enfin, certains ministres quittent le gouvernement, notamment Olivier Véran, ancien ministre de la Santé, Olivier Dussopt, ministre du Travail, Rima Abdul Malak, ancienne conseillère à la Culture du président, et Agnès Firmin Le Bodo, qui assurait l’intérim au ministère de la Santé.

L’absence de ministres de plein exercice pour des portefeuilles clés tels que les collectivités territoriales, le logement et la fonction publique dans le gouvernement Attal envoie un message politique fort. Cette omission signale peut-être une dévaluation des enjeux essentiels tels que la gestion locale, le logement abordable et la fonction publique, des secteurs vitaux pour le tissu social et économique du pays. Cette décision pourrait être perçue comme une indication que ces domaines ne figurent pas parmi les priorités immédiates du gouvernement, ce qui pourrait soulever des inquiétudes quant à l’engagement de l’administration actuelle envers des problématiques pourtant centrales pour de nombreux citoyens. Cette approche pourrait être interprétée comme une orientation stratégique, visant à concentrer les efforts gouvernementaux sur d’autres domaines jugés plus critiques ou urgents par le Premier ministre. Cependant, cette stratégie risque de marginaliser des secteurs déjà en quête de soutien et d’attention, aggravant potentiellement les problèmes existants dans ces domaines.

Ce remaniement, loin d’être une modification subtile, apparaît comme un virage délibéré vers la droite. Ce changement, marqué par des nominations significatives, indique une reconfiguration des axes politiques du gouvernement, éloignant potentiellement l’administration des principes de gauche tels que l’égalité et l’inclusion. Ce tournant soulève des questions critiques sur l’avenir des politiques publiques dans notre pays, notamment sur leur capacité à refléter la diversité et à promouvoir la justice sociale dans un contexte politique qui semble de plus en plus orienté vers des positions conservatrices.

 

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