Depuis l’annonce d’Emmanuel Macron, le 5 mars dernier, d’un effort inédit en faveur du budget militaire français, porté à 3,5 % du PIB, la question du financement inquiète fortement les élus locaux. Sébastien Lecornu, ministre des Armées, a déjà ouvertement pointé du doigt les collectivités, suggérant un « recentrage » drastique des dépenses publiques qui leur sont dédiées.
Concrètement, le ministre remet en cause certaines aides de l’État, à l’image du « Plan vélo », estimant qu’il ne relève pas des responsabilités de l’État mais des communes. Une position inquiétante pour les élus locaux, alors même que leurs collectivités subissent déjà depuis plusieurs années la suppression continue des impôts locaux (taxe d’habitation, taxe professionnelle), réduisant drastiquement leurs marges financières.
Ce paradoxe est particulièrement préoccupant : l’État se désengagerait tout en privant les collectivités locales de leviers fiscaux autonomes, les plaçant dans une impasse pour financer les services publics essentiels.
Autre motif d’inquiétude, Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, envisage de réorienter une partie des fonds européens (FEDER, FSE) vers la défense européenne. Ces fonds, essentiels pour réduire les inégalités territoriales et soutenir des projets essentiels en matière d’environnement, d’emploi ou de formation, pourraient donc se trouver fortement amputés.
De plus, le gouvernement examine la possibilité de mobiliser l’épargne populaire (Livret A, LDDS), actuellement gérée par la Caisse des dépôts et destinée au logement social. Réorienter ces fonds vers le budget militaire risquerait d’aggraver considérablement la crise du logement déjà sévère dans notre département.
Enfin, le gouvernement envisage également d’autres solutions, telles que le recours à un nouvel emprunt national ou à une poursuite de la réforme des retraites afin de financer l’effort militaire. Le président du Conseil d’orientation des retraites, Gilbert Cette, estime même publiquement que ces dépenses militaires pourraient justifier une augmentation rapide de l’âge de départ à la retraite, au-delà des 64 ans récemment adoptés.
Une première clarification sur ces choix essentiels est attendue le 20 mars prochain, lors d’une réunion entre les ministres de l’Économie et des Armées, les industriels du secteur et les acteurs économiques concernés. Une chose semble certaine : ce projet gouvernemental risque d’accentuer encore davantage les contraintes financières auxquelles les collectivités sont déjà confrontées.
Source : Maire Info