BUDGET 2025 : DES COUPES BRUTALES, LES SOCIALISTES RÉCLAMENT JUSTICE POUR LES TERRITOIRES ET LES SERVICES PUBLICS

Le Sénat a adopté, le 23 janvier dernier, le projet de loi de finances pour 2025, un texte marqué par des économies massives, imposées sans concertation et sans vision à long terme. Ce projet de loi ne répond pas aux urgences auxquelles les territoires et les citoyens font face. À travers des choix dictés par une logique comptable à court terme, il privilégie les grandes entreprises et les hauts patrimoines, tout en sacrifiant les services publics et les collectivités. Les sénatrices et sénateurs du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain ont fermement rejeté ce budget qu’ils jugent déconnecté des priorités sociales, écologiques et territoriales.

Pour accélérer l’examen, le gouvernement a décidé de reprendre les débats là où ils avaient été suspendus après le rejet de la motion de censure. Ce choix s’est accompagné d’un dépôt précipité d’amendements, parfois en pleine nuit, compliquant l’analyse et limitant toute réflexion approfondie. Cette méthode, plus expéditive que démocratique, a contraint les sénateurs à travailler dans l’urgence, sans considération pour les réalités des territoires. Les collectivités locales, déjà fragilisées, se retrouvent une fois encore confrontées à des décisions imposées, sans consultation ni accompagnement adéquat.

Avec 6,3 milliards d’euros d’économies supplémentaires votées, ce projet de loi aggrave les sacrifices imposés à des secteurs essentiels. Les collectivités locales, malgré une réduction de l’effort à 2,2 milliards d’euros au lieu des 5 milliards initialement prévus, voient leur capacité d’action sérieusement compromise. Ces nouvelles ponctions s’ajoutent aux pressions déjà exercées sur leurs budgets, rendant difficile la mise en œuvre des politiques publiques.

La transition écologique, également touchée, subit un milliard d’euros de coupes, notamment sur le fonds vert et le chèque énergie. À l’heure où les catastrophes climatiques s’intensifient, ces réductions sapent les efforts des territoires pour accompagner la transition environnementale. L’aide publique au développement n’est pas épargnée, avec une baisse historique de 2,8 milliards d’euros, limitant la capacité de la France à agir solidairement sur la scène internationale. Dans l’enseignement supérieur et la recherche, 630 millions d’euros en moins affaiblissent directement les universités et les centres de recherche, des secteurs pourtant cruciaux pour l’avenir.

Ces choix budgétaires révèlent une vision déséquilibrée, où les grandes entreprises et les plus hauts patrimoines sont largement épargnés. En revanche, les collectivités locales et les populations les plus vulnérables supportent l’essentiel de l’effort, au prix d’une solidarité nationale abandonnée au profit d’une gestion comptable à court terme.

Le maintien des suppressions de postes dans l’Éducation nationale, associé à l’absence de création de nouveaux emplois dans la Justice, illustre une logique où les services publics sont relégués au second plan. Ces secteurs, pourtant essentiels pour répondre aux attentes des citoyens, subissent des tensions croissantes face à des besoins toujours plus importants. Ce désengagement de l’État place les collectivités locales en première ligne, leur confiant des responsabilités croissantes sans les moyens nécessaires pour les assumer. Dans ce contexte, la justice sociale et la cohésion territoriale risquent de devenir de simples slogans, vidés de leur substance.

La commission mixte paritaire, prévue le 30 janvier, constitue une étape cruciale pour tenter d’infléchir ce texte. Les sénateurs socialistes porteront des propositions visant à instaurer une justice fiscale, avec une contribution accrue des hauts patrimoines et des grandes entreprises. Ils défendront également un renforcement des moyens des collectivités locales, indispensable pour préserver les services publics de proximité, ainsi qu’une politique ambitieuse pour répondre à l’urgence climatique.

Dans un contexte où la pression financière sur les collectivités locales atteint des niveaux critiques, préserver les services publics qui structurent le quotidien et investir dans la transition écologique n’a jamais été aussi urgent. Les territoires, socle des politiques publiques en France, ne peuvent continuer à absorber seuls les conséquences d’une politique de réduction des dépenses imposée sans concertation. À l’approche de la commission mixte paritaire, il est essentiel de rappeler que les collectivités ne sont pas de simples exécutantes, mais des actrices majeures d’une solidarité nationale qu’il convient de renforcer.

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