ÉROSION CÔTIÈRE : LES COMMUNES EN PREMIÈRE LIGNE, L’ÉTAT AUX ABONNÉS ABSENTS

Le littoral finistérien recule, les tempêtes se succèdent, et les élus locaux tentent tant bien que mal de préserver ce qui peut encore l’être. Pendant ce temps, les grandes déclarations sur la transition écologique s’enchaînent à Paris, mais sur le terrain, les moyens ne suivent pas. Les communes font face, seules.

Un littoral qui s’effrite, des élus qui agissent

Les chiffres sont implacables : le Finistère est l’un des départements les plus touchés par l’érosion côtière, avec plus de 100 km de côtes en recul. Les tempêtes hivernales et la montée des eaux accélèrent le phénomène, menaçant habitations, infrastructures et espaces naturels.

À Plougasnou, une falaise s’est effondrée près de la plage de Primel en février 2025. Résultat : un tronçon du sentier côtier GR34 fermé, un paysage transformé en quelques heures. Pour la maire Nathalie Bernard (PS), il ne s’agit pas d’un simple phénomène naturel. C’est l’inaction de l’État qui rend chaque épisode climatique plus brutal encore.

À Riec-sur-Bélon, l’érosion impose de revoir le tracé du sentier côtier. Des choix complexes, mais incontournables pour garantir la sécurité des usagers et préserver un littoral de plus en plus fragile.

À Clohars-Carnoët, la municipalité a fait le choix de l’anticipation. Végétalisation des dunes, préservation des barrières naturelles, adaptation progressive du territoire… Des solutions existent, mais elles nécessitent des moyens que l’État ne daigne pas débloquer.

Les discours ne retiennent pas le trait de côte

Des rapports, des comités, des promesses. Voilà des années que l’État annonce une politique d’adaptation au changement climatique. En février 2025, un énième rapport de l’Inspection générale de l’environnement et du développement durable (IGEDD) préconise une approche plus volontariste. Une de plus.

Sur le terrain, les maires voient les côtes reculer, mais pas les financements arriver. Les mêmes obstacles reviennent sans cesse :

– Des dossiers interminables à monter, quand l’urgence commande d’agir vite.
– Des aides au compte-gouttes, conditionnées à des critères déconnectés des réalités locales.
– Des élus qui assument seuls la responsabilité de décisions pourtant nationales.

Pendant que l’État tergiverse, ce sont les collectivités qui prennent les coups. Ce sont elles qui doivent expliquer aux habitants que des routes vont disparaître, que des maisons devront être abandonnées, que certains accès seront condamnés. Mais ce n’est pas aux communes de porter seules la facture du renoncement de l’État.

Jusqu’à quand ?

Le Finistère n’a pas le luxe d’attendre. L’érosion ne débat pas, ne négocie pas, ne reporte pas ses échéances. Ce que les collectivités demandent, ce ne sont pas des paroles, mais des engagements clairs :

Un cadre juridique solide et pérenne pour accompagner les relocalisations et protéger les territoires exposés.
Des financements immédiats et adaptés, pour éviter que chaque tempête ne devienne une catastrophe financière pour les communes.
Une véritable coopération entre l’État et les collectivités, parce que ce combat ne peut pas être mené en solitaire.

Les élus locaux sont prêts à agir. Encore faut-il que l’État leur en donne les moyens. Car ce qui se joue aujourd’hui en Finistère se répétera demain sur tout le littoral français.

Vous pouvez consulter le rapport de référence du BRGM qui analyse en détail les effets de l’érosion et de la submersion marine sur le littoral breton. Bien que publié en 2015, ce document reste une référence sur l’érosion côtière en Bretagne et les risques identifiés sur le littoral.

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