Florence Crom, Vice-Présidente de l’Union des Élu.es Socialistes et Républicain.es a été interviewée par le Parti Socialiste du Finistère sur la crise au sein de Douarnenez Communauté.
Douarnenez communauté : l’esprit communautaire a volé en éclats
Le coup de force, réalisé par les délégué-es de la ville de Douarnenez, emmenés par Jocelyne Poitevin, pour prendre le contrôle de la communauté de communes, laissera des traces dans le pays de Douarnenez.
« Ils ont fait exploser l’esprit communautaire » dénonce Florence Crom, qui était, depuis 2020, vice-présidente de Douarnenez communauté et présidente du Sioca (Syndicat intercommunautaire Ouest-Cornouaille aménagement).
Cap Finistère : D’abord peux-tu nous rappeler quelles communes composent Douarnenez communauté ?
Florence Crom : Pour comprendre la crise que traverse Douarnenez Communauté, il faut effectivement savoir quelles sont les communes qui la composent, mais surtout combien de délégué-es les représentent. Il y a en tout 5 communes dans l’intercommunalité : Douarnenez, qui dispose de 13 délégué-es, 11 de la majorité et 2 de l’opposition, Hugues Tupin et moi, Poullan sur Mer qui a 5 délégué-es, Pouldergat qui en a 4 et Le Juch et Kerlaz qui en ont 2 chacune. Ce qui donne 26 élu-es communautaires : 13 pour la ville centre et 13 pour les autres communes. Le groupe majoritaire de Douarnenez ne disposant pas, après les municipales de 2020, de la majorité absolue au sein du conseil communautaire, l’équipe qui s’est mise en place, autour de Philippe Audurier, adjoint au maire de Kerlaz, respectait les équilibres territoriaux, dans un véritable esprit communautaire.
Cap Finistère : Que s’est-il passé pour que Philippe Audurier soit contraint de donner sa démission, à mi-mandat ?
Florence Crom : Depuis la mise en place de cette équipe, les délégué-es de la ville de Douarnenez n’ont eu de cesse d’alimenter des polémiques inutiles pour ralentir l’action de la communauté au détriment de l’intérêt de ses habitants. En refusant de voter le budget, suivis par quelques délégué-es des autres communes, ils et elles ne poursuivaient qu’un seul objectif : prendre la direction de la communauté. A aucun moment le débat n’a porté sur les orientations de la collectivité. Je rappelle tout de même qu’en 2022, le budget principal avait été adopté à l’unanimité. D’ailleurs, le budget proposé mercredi dernier et voté à l’unanimité par ces mêmes élu-es est exactement, à la virgule près, le même que celui qui a été rejeté au mois de mars, provoquant la démission du président sortant.
LE BUDGET PROPOSÉ MERCREDI DERNIER ET VOTÉ À L’UNANIMITÉ PAR CES MÊMES ÉLU-ES EST EXACTEMENT, À LA VIRGULE PRÈS, LE MÊME QUE CELUI QUI A ÉTÉ REJETÉ AU MOIS DE MARS, PROVOQUANT LA DÉMISSION DU PRÉSIDENT SORTANT.
Cap Finistère : Est-ce bien raisonnable de cumuler à la fois les responsabilités de maire de Douarnenez, de présidente de la communauté de communes et de vice-présidente du Conseil départemental ?
Florence Crom : Ce n’est pas à moi de répondre. Ce que je peux dire c’est qu’en début d’année, Jocelyne Poitevin avait souhaité se dégager de délégations extérieures faute de temps, maintenant elle prend la présidence d’un nouvel exécutif. J’ai pu voir l’énergie que demande la présidence de Douarnenez communauté si on veut bien faire les choses. Et je sais aussi qu’être maire d’une ville comme Douarnenez demande énormément de temps. C’est aussi au président du Conseil départemental qu’il faut demander s’il souhaite que sa première vice-présidente, en responsabilité de l’action sociale soit pleinement mobilisée sur sa mission ou si un tiers-temps est suffisant.
LA VILLE-CENTRE EST BIEN SÛR UNE LOCOMOTIVE POUR LE PAYS DE DOUARNENEZ, MAIS ELLE DOIT RESPECTER LES AUTRES COMMUNES.
Cap Finistère : Peut-on craindre que des communes quittent Douarnenez communauté ?
Florence Crom : Le risque existe. Comme je le disais, l’esprit communautaire a totalement volé en éclat, du fait de la droite douarneniste. Comment faire confiance à des gens qui ont passé leur temps à saper le travail de l’équipe précédente, uniquement pour obtenir des postes ? Car le problème est bien là. La nouvelle présidence n’a, à aucun moment, proposé d’infléchir l’orientation de Douarnenez Communauté. Les débats ne portaient que sur des questions de personnes. Et les difficultés de la nouvelle présidente pour constituer son bureau montrent bien que les questions de personnes ont pris le pas sur l’intérêt général. C’est ainsi que le maire de Poullan sur Mer, élu premier Vice-président le 28 avril a déjà jeté l’éponge alors qu’il s’était grandement investi dans sa délégation lors de la première partie du mandat. C’est un bien triste anniversaire pour notre communauté de communes qui fête cette année ses 30 ans. Notre camarade Daniel Bouër, membre fondateur et président de 2001 à 2008 a d’ailleurs assisté, navré, au conseil du 20 mars. La ville-centre est bien sûr une locomotive pour le pays de Douarnenez, mais elle doit respecter les autres communes. Pour ma part, je reste conseillère communautaire avec la ferme intention de défendre l’intérêt communautaire.