Depuis plusieurs années, des chercheurs et mathématiciens issus du monde entier se consacrent à l’élaboration d’un système de scrutin considéré comme étant idéal. Celui-ci aurait pour objectif de décourager les candidats politiques d’adopter des manœuvres politiciennes, telles que la formation d’alliances avec des candidats moins connus, et de préserver les électeurs de la nécessité de privilégier une stratégie électorale (le vote utile) plutôt que de suivre leurs préférences sincères. Une proposition qui se démarque est le jugement majoritaire. Une tentative a été entreprise en avril et mai 2017, pendant l’élection présidentielle française, en collaboration entre LaPrimaire.org et des chercheurs du CNRS, de Polytechnique et de Paris-Dauphine.
David Louapre, chercheur en physique, explique dans une vidéo diffusée sur Youtube, que notre système électoral actuel est étrange. Il pointe du doigt la situation où des candidats ayant de réelles chances de victoire peuvent être écartés en raison de la présence de candidats moins connus partageant des similitudes idéologiques. Dans sa vidéo, David Louapre illustre cette situation par une analogie sportive, où dans une finale de 100 mètres, les favoris se verraient ralentis par les candidats moins performants. Cela mettrait en avant non pas le coureur le plus rapide, mais celui qui est le moins retenu. Une perspective qu’il qualifie de déconcertante.
En outre, ces contraintes électorales encouragent souvent les candidats à former des alliances et à adopter des tactiques politiques que les citoyens rejettent massivement.
Un autre problème du système électoral actuel est que les Français se conforment à l’offre politique existante et deviennent des « stratèges » électoraux. Plutôt que de choisir le candidat qu’ils estiment le mieux qualifié pour diriger la France, ils votent pour celui qui leur semble le moins désirable tout en ayant de bonnes chances de gagner.
Face à ces critiques, de nombreux chercheurs et scientifiques se demandent si le système de scrutin uninominal à deux tours fonctionne réellement aussi bien qu’on le pense. Cela soulève la question de l’adoption d’un nouveau système de vote.
Parmi les alternatives envisagées, le jugement majoritaire semble se distinguer. Conçu par deux chercheurs français, Michel Balinski et Rida Laraki, ce système électoral ne consiste pas à classer les candidats, mais à les évaluer en leur attribuant une mention allant de « Très bien » à « À rejeter ».
Dans ce système, un électeur peut donner la même mention à plusieurs candidats et n’est pas contraint de « choisir » un unique favori. Ensuite, on calcule la mention majoritaire obtenue par chaque candidat, c’est-à-dire celle qui obtient le soutien d’au moins 50 % de l’opinion. Par exemple, si plus de 50 % de la population juge qu’un candidat X mérite la mention « Bien », « Très bien » voire « Excellent », ce candidat remporte l’élection.
Ce concept innovant a donc été mis à l’épreuve par le collectif citoyen de LaPrimaire.org, en collaboration avec le CNRS, Polytechnique et l’université Paris-Dauphine.
Plus de 50 000 personnes ont participé à cette expérience et les résultats fournissent des enseignements précieux sur cette nouvelle approche du vote.
Une expérience qui invite à la réflexion dans un contexte où la méfiance envers la politique ne cesse de croître, tout comme le taux d’abstention.