Interview de Pierre Plouzennec, maire de Plozévet
Est-ce que la menace terroriste, qui place les maires au coeur du dispositif de lutte, vous questionne sur votre commune de Plozévet ?
La prévention des risques est une préoccupation constante pour l’ensemble des élus locaux. Jusqu’à présent les maires étaient surtout attentifs aux risques à caractère accidentel : événements météorologiques, accidents de la route, incendies… Les événements récents nous obligent à prendre en compte la menace criminelle et, plus particulièrement, terroriste. C’est un exercice nouveau qui bouleverse nos habitudes mais ne doit pas changer notre mode de vie.
Échangez-vous régulièrement avec vos concitoyens sur ces questions ? Vous interrogent-ils davantage ?
Très majoritairement, les habitants des communes rurales ne se sentent pas directement menacés. Ils ont davantage d’inquiétude pour les membres de leur famille qui vivent dans les grandes villes, où ils ont le sentiment que le risque est plus présent. Cependant, si la population reste perméable au climat anxiogène généré par les attentats, elle manifeste davantage de compassion pour les victimes que de craintes pour sa propre sécurité.
Concrètement, qu’est ce que cela implique comme changement ou modification dans vos fonctionnements ou organisations dans votre commune ?
Comme sa population, l’institution communale a, sans doute à tort, le sentiment que la menace est lointaine. Il faut se faire violence pour intégrer l’évolution des comportements qu’impose cette nouvelle menace. De façon naturelle, notre réflexe de protection nous conduit à nous préoccuper en premier lieu de la sécurité des établissements scolaires et des lieux accueillant les enfants. Comme dans tous les domaines, il s’agit tout autant de rassurer les usagers que de réduire les risques.
Prenez-vous conseil auprès des forces de gendarmerie, de la préfecture ?
La commune de Plozévet dispose de plusieurs ERP, établissement recevant du public (salle de spectacle, gymnase, grandes surfaces…). S’y déroule également chaque été le Mondial Folk qui accueille plusieurs dizaines de milliers de visiteurs. Nous essayons d’intégrer les nouvelles menaces et les services de l’État, gendarmerie, DDTM, en fonction des risques, sont très disponibles pour toute forme de conseils. Nous n’hésitons pas à les solliciter et ils ont toujours répondu présent.
Comment avez-vous géré cette rentrée scolaire dans ce contexte (PPMS ? Temps périscolaires...) ?
La sécurité de l’enfant était déjà un des piliers de la charte d’accueil qui est en élaboration permanente pour nos services scolaires et périscolaires. Nous n’avons pas introduit de mesures supplémentaires mais la sensibilisation des personnels et des familles, l’application et une meilleure compréhension des règlements, compte tenu du contexte, se sont imposées. À notre niveau, la sécurisation est davantage une question de sensibilisation des personnes que de « bunkerisation » de nos équipements.
Vous sentez-vous épaulé par l’État ou souhaiteriez-vous d’avantage d’accompagnement comme l’a récemment réclamé l’association des maires de France ?
Même s’ils répondent toujours présent, il y a un risque à solliciter à l’excès les services de l’État. Chacun peut aller de sa préconisation, en la maximisant pour se couvrir. Dès lors, les maires considéreront comme excessives, voire irréalistes, nombre de recommandations.
Il faut différencier le conseil et la sensibilisation des élus concernant les événements courants de la vie d’une commune, et le concours de l’État à l’occasion d’événements exceptionnels où une approche professionnelle, qui va au-delà de nos compétences, est indispensable. Au final, la responsabilité doit être clairement déterminée selon l’ampleur de l’événement : la collectivité ou l’État.