Les communes, un pôle de stabilité : retour sur la conférence de rentrée de l’AMF

Dans un contexte d’incertitudes économiques et sociales croissantes, les collectivités locales demeurent un point d’ancrage essentiel pour les citoyens et les territoires. C’est ce qu’a rappelé David Lisnard, président de l’Association des Maires de France, lors de la conférence de presse de rentrée de l’ association le 17 septembre. Insistant sur la résilience des élus face aux défis multiples, le président de l’AMF a souligné leur rôle central dans la gestion des crises et la stabilité des services publics de proximité. À l’approche du congrès annuel des maires, la campagne intitulée « Les communes, heureusement ! » illustre cette capacité des collectivités à surmonter les contraintes, en particulier dans un contexte marqué par la recentralisation et une pression budgétaire croissante.

Depuis plus de dix ans, les collectivités locales sont confrontées à des restrictions budgétaires de plus en plus sévères. Les dotations de l’État ont ainsi chuté de 70 milliards d’euros depuis 2010, obligeant les élus à maintenir des finances équilibrées malgré une réduction drastique de leurs ressources. Toutefois, ces efforts sont régulièrement fragilisés par des décisions unilatérales du gouvernement, comme l’augmentation du point d’indice des fonctionnaires, qui a généré une hausse des dépenses locales de 2,5 milliards d’euros par an.

Face à ces difficultés, la question de la recentralisation des finances locales devient de plus en plus préoccupante. André Laignel, premier vice-président délégué de l’AMF, a vivement critiqué la suppression de la taxe d’habitation et de la CVAE, deux sources de revenus essentielles pour les collectivités. En remplaçant ces taxes par des compensations versées par l’État, les marges de manœuvre des élus se sont réduites, affaiblissant leur capacité à agir de manière autonome. Pour André Laignel, cette recentralisation affaiblit non seulement l’autonomie financière des élus, mais limite également leur capacité à répondre aux besoins spécifiques de leurs territoires.

Outre les finances, les critiques de l’AMF se concentrent également sur la gestion des relations entre l’État et les collectivités. André Laignel a dénoncé un fossé grandissant entre l’administration centrale et la réalité des élus locaux, critiquant ce qu’il appelle des « fables » sur la responsabilité supposée des collectivités dans le déficit public. Il rappelle que les collectivités sont légalement tenues de voter des budgets à l’équilibre, contrairement à l’État, et que l’essentiel de l’augmentation des dépenses locales provient de décisions prises au niveau national, comme la hausse du point d’indice.

En dépit de ces tensions croissantes, les communes continuent d’incarner un modèle de résilience et d’innovation. David Lisnard a insisté sur la nécessité de préserver leur indépendance pour qu’elles puissent continuer à jouer leur rôle de pilier dans un environnement incertain. Pour cela, il appelle à une meilleure répartition des responsabilités financières entre l’État et les collectivités, rappelant que sans ce soutien, les élus locaux peineront à maintenir le niveau d’excellence attendu par les citoyens.

La campagne « Les communes, heureusement ! » s’inscrit dans cette logique de valorisation des maires et de leurs équipes, qui continuent de répondre aux attentes des citoyens malgré les nombreuses contraintes. Pour permettre aux collectivités locales de continuer à remplir leur mission et à assurer l’avenir des territoires, il devient impératif de renforcer leur indépendance décisionnelle et financière.

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