Sébastien Miossec, président délégué d’Intercommunalités de France, a exprimé ce lundi, lors d’une conférence de presse au journal Figaro, les vives inquiétudes des intercommunalités concernant le manque de clarté autour du budget 2025. « Nous n’avons jamais été autant dans le flou à dix jours de la présentation d’un projet de budget », a-t-il déploré, pointant l’absence des échanges estivaux habituels, essentiels pour anticiper le contenu du projet de loi de finances.
Cette situation, exacerbée par l’instabilité politique des derniers mois, complique la préparation des finances publiques des collectivités locales. «Traditionnellement, au cours de l’été, nous échangeons avec les ministres, les cabinets et les parlementaires pour mieux appréhender les éléments qui pourraient intégrer le projet de loi de finances», a-t-il expliqué. Aujourd’hui, les collectivités, qui représentent près de 1000 communautés de communes et d’agglomérations, se retrouvent face à une incertitude grandissante.
Le congrès annuel d’Intercommunalités de France, prévu du 16 au 18 octobre au Havre, sera l’occasion pour les élus d’obtenir des éclaircissements du nouveau Premier ministre, Michel Barnier, notamment sur des questions essentielles telles que le financement des collectivités, la transition écologique et la décentralisation de la politique du logement. Sébastien Martin, président de l’association, a mis en garde contre la tentation de « jouer les collectivités contre le reste de la France », en référence aux critiques émises par Bercy, qui reproche aux collectivités de dépenser de manière excessive.
Les collectivités locales, cependant, rejettent toute responsabilité dans les dérives des finances publiques de l’État. « Nous respectons toutes les règles qui encadrent notre gestion financière. Certes, nous nous endettons, mais uniquement pour investir, et notre part dans la dette publique diminue depuis plusieurs années », a déclaré Sébastien Miossec.
L’une des préoccupations majeures reste la baisse de la trésorerie des collectivités, qui a chuté de près de dix milliards d’euros en trois ans, passant de 65 à environ 55 milliards d’euros, selon une étude de la Banque postale. Pour Sébastien Miossec, « cela ne peut être considéré comme une solution pour répondre à la dette nationale, qui dépasse les 3.000 milliards, ni aux besoins d’investissements des collectivités dans la transition écologique ».
Alors que l’incertitude grandit, c’est toute la capacité des intercommunalités à planifier l’avenir de nos territoires qui est remise en question. Sans visibilité, c’est l’ambition même des collectivités locales qui risque d’en pâtir.
Source : Le Figaro