C’est avec détermination qu’Isabelle Assih, maire de Quimper et présidente de Quimper Bretagne Occidentale, a pris place au Sénat le 16 janvier dernier. Cette participation s’inscrivait dans le cadre de ses fonctions récemment acquises de maire référente Handicap et Accessibilité à l’Association des maires de France. Intervenant lors de la table ronde « Loi Handicap : 20 ans après, les élus inventeurs de solutions », Isabelle Assih n’a pas seulement répondu à une invitation : son intervention a souligné les défis majeurs à relever pour bâtir une société véritablement inclusive. Par une vision ambitieuse et profondément humaine, Isabelle Assih offre une perspective renouvelée pour les politiques publiques liées au handicap.

Redéfinir l’inclusion : un combat pour tous les handicaps

Dès les premières minutes, Isabelle Assih a rappelé un fait essentiel : 80 % des handicaps sont invisibles. « Trop souvent, les politiques d’accessibilité se limitent aux déficiences motrices et sensorielles, alors que la loi de 2005 couvre un spectre bien plus large, incluant les troubles cognitifs et les maladies invalidantes », a-t-elle affirmé. Ce constat a ouvert la voie à un appel direct aux élus locaux : adapter leurs politiques pour mieux répondre à la diversité des besoins.

La question de la coopération intercommunale a été mise en avant, insistant sur le rôle clé de la mutualisation des ressources. Des compétences comme celles des ergonomes ou des médecins du travail, souvent absentes dans les petites collectivités, pourraient être partagées à l’échelle intercommunale. Une telle approche permettrait de mieux accompagner les personnes en situation de handicap tout en soutenant les communes dans cette mission essentielle.

Éducation : entre avancées et insuffisances

Les lacunes persistantes du système scolaire, malgré les progrès apportés par la loi de 2005, ont été clairement dénoncées. « Comment accepter que des enfants orientés vers des instituts médico-éducatifs n’aient que 7 à 10 heures de cours par semaine ? C’est insuffisant pour leur permettre de gagner en autonomie », a déclaré Isabelle Assih.

En s’inspirant de modèles étrangers, comme ceux du Québec ou de l’Italie, des solutions concrètes ont été évoquées pour améliorer l’inclusion scolaire. Ces modèles reposent sur l’intervention d’équipes pluridisciplinaires directement en classe, permettant une prise en charge adaptée bien au-delà de ce que propose actuellement le système des AESH. Selon Isabelle Assih, renforcer la formation des professionnels de l’éducation et offrir un accompagnement spécialisé restent des priorités incontournables.

Favoriser l’emploi, un devoir collectif

L’engagement exemplaire des collectivités territoriales dans l’intégration des personnes en situation de handicap a été souligné, avec un taux moyen d’emploi atteignant 6,8 %. À Quimper, ce chiffre atteint 11 %, témoignant des résultats concrets obtenus lorsque les efforts sont ciblés. Parmi les initiatives locales, les forums de l’emploi inclusif ont démontré leur efficacité en facilitant les échanges entre recruteurs publics et candidats en situation de handicap.

Pour aller plus loin, une transformation plus ambitieuse au niveau national a été appelée de ses vœux. Former davantage les employeurs, mieux accompagner les collectivités et reconnaître pleinement les handicaps invisibles dans le monde du travail figurent parmi les priorités identifiées.

Des initiatives concrètes pour transformer le quotidien

Les conseils locaux du handicap ont été présentés comme des outils précieux pour une gouvernance participative. Ces instances, en donnant une voix aux personnes concernées, permettent d’ajuster les politiques communales aux besoins réels du terrain.

L’expérimentation des IME dans les écoles, abandonnée faute de suivi ministériel, a également été évoquée comme une piste à relancer. Ce projet, selon Isabelle Assih, pourrait favoriser une inclusion plus complète tout en promouvant une mixité bénéfique pour tous.

Un cadre ambitieux, un engagement à renforcer

En conclusion, Isabelle Assih a dressé un bilan réaliste des politiques d’accessibilité. Tout en saluant les avancées accomplies, elle a insisté sur les disparités qui freinent encore l’accès à l’école, à l’emploi et à la citoyenneté pour de nombreuses personnes en situation de handicap.

Plutôt que de réclamer de nouvelles législations, l’accent a été mis sur la nécessité d’exploiter pleinement les ressources offertes par la loi de 2005. « Il est temps d’agir avec pragmatisme et détermination pour transformer ces ambitions en réalités tangibles », a-t-elle conclu, appelant les élus locaux à intensifier leurs efforts.

Retrouvez un extrait de l’intervention d’Isabelle Assih ci-dessous, et découvrez la totalité de la table ronde au Sénat en suivant ce lien.