Depuis 2022, la gestion des cantines scolaires de Brest avait été confiée à Elior, succédant ainsi à Sodexo. Cependant, cette collaboration s’est rapidement heurtée à des difficultés, notamment en termes de qualité des repas et de respect des engagements alimentaires de la Ville. Mais après deux ans de prestations jugées insatisfaisantes par la municipalité et de nombreuses remontées négatives de la part des familles, la Ville a décidé de reprendre la gestion en direct sous la forme d’une Société Publique Locale.Validée en décembre par le Conseil municipal puis entérinée par le Conseil de métropole en janvier, cette décision traduit une volonté claire de reprendre en main un service essentiel, en garantissant une alimentation de qualité et une gestion publique plus transparente et efficace.
La qualité des repas, la difficulté d’approvisionnement en produits locaux et le manque de souplesse d’un prestataire aux logiques nationales ont conduit la Ville à acter cette rupture. Le constat était sans appel : la qualité des repas et la gestion de l’approvisionnement ne répondaient plus aux ambitions de la municipalité en matière d’alimentation durable et de justice sociale, ce qui a conduit la Ville à prendre une décision forte.
Un modèle 100 % public pour un service essentiel
En créant une SPL, Brest affirme une volonté politique forte : reprendre en main un service essentiel, celui qui nourrit chaque jour 6 000 enfants des écoles publiques et 170 personnes âgées via le CCAS. Cette transition permettra à la Ville d’avoir une maîtrise totale de la qualité des repas et de leurs coûts, tout en soutenant activement les circuits courts et les producteurs locaux.
Loin d’être une simple question technique, cette décision s’inscrit dans une politique globale qui conjugue justice sociale, souveraineté alimentaire et transition écologique. Brest fait partie des rares communes en France à permettre à près de 1 000 enfants d’accéder gratuitement à trois repas par jour. La mise en place de cette SPL permettra de garantir et d’amplifier cet engagement.
Une ambition alimentaire et sociale renforcée
Dès septembre dernier, la municipalité a également instauré une baisse tarifaire significative pour 75 % des familles brestoises grâce à une grille de quotient familial plus progressive, passant de 4 à 10 tranches. Dans un contexte d’inflation et face aux choix gouvernementaux pesant sur le pouvoir d’achat des ménages les plus modestes et des classes moyennes, cette mesure vise à amortir les hausses de coûts sans les répercuter sur les familles.
Avec un objectif de 80 % de bio et 100 % de produits durables pour les 6 500 repas produits quotidiennement, la nouvelle structure entend renforcer une politique alimentaire exigeante, bien au-delà des obligations légales. Alors que la loi Egalim impose seulement 50 % de produits durables, dont 20 % de bio, Brest dépasse déjà ces seuils avec 78 % de bio dans ses cantines.
Une coopération ouverte aux collectivités voisines
Ce projet ne se limite pas à Brest : la nouvelle SPL sera ouverte à d’autres collectivités du territoire souhaitant s’y associer pour la production de repas ou la mutualisation de marchés publics. Au-delà d’une simple mutualisation des ressources, cette coopération pourrait transformer en profondeur l’approvisionnement alimentaire local. En regroupant les besoins des collectivités, elle renforcerait la viabilité économique des producteurs locaux, limitant leur dépendance aux grands circuits de distribution et encourageant des modes de production plus durables. Pour les collectivités partenaires, c’est aussi l’assurance d’un modèle plus résilient, moins exposé aux aléas du marché et aux fluctuations des coûts imposées par les prestataires privés. Cela permettra d’élargir la dynamique engagée et d’en faire un levier puissant pour la structuration des filières locales.
Par cette décision, Brest affirme que la restauration collective ne se résume pas à un marché confié à des intérêts privés, mais constitue un véritable outil de politique publique au service des habitants et des territoires. Ce choix politique fait de Brest un laboratoire d’une alimentation publique ambitieuse, où chaque repas devient un acte militant pour l’égalité, la transition écologique et l’autonomie alimentaire du territoire. Cette refonte va bien au-delà de la gestion des cantines : elle redessine un modèle où la puissance publique reprend son rôle de garant d’un accès universel à une alimentation de qualité, soutenant activement les circuits courts et la souveraineté alimentaire locale. En reprenant la main sur ce service, Brest renforce un modèle alimentaire qui garantit à la fois la qualité nutritionnelle, l’accessibilité pour toutes les familles et le soutien aux producteurs locaux, affirmant que l’alimentation est un levier politique majeur : un rempart contre la précarité, un moteur pour l’économie locale et un outil de résistance face aux logiques de marché qui fragilisent nos territoires. En redonnant à la puissance publique le contrôle sur ce service, Brest trace une voie ambitieuse que d’autres collectivités pourraient suivre.