Unanimité au Sénat, le 19 mars dernier, pour adopter une résolution visant à mettre fin au sans-abrisme des enfants.
Unanimité, donc. Mais que vaut un consensus parlementaire quand 2 043 enfants, dont 467 de moins de trois ans, vivent sans solution d’hébergement à l’approche du printemps ?
Dans l’hémicycle, Jean-Luc Fichet n’a pas mâché ses mots.
« Nous sommes en 2025, et c’est la honte. »
Honte d’un pays qui continue de produire des sans-abris alors qu’il s’était juré de ne plus en avoir. Honte d’un État qui, en 2018, promettait qu’aucune femme, aucun homme, aucun enfant ne dormirait dehors, et qui, sept ans plus tard, s’en remet toujours à la débrouille locale.
Les chiffres viennent du baromètre publié par l’UNICEF et la Fédération des acteurs de la solidarité. Ils sont partiels, incomplets, mais déjà accablants. Ne comptent ni les enfants en bidonvilles, ni les familles invisibles du 115, ni les mineurs non accompagnés.
Sur le terrain, les élus connaissent ces situations. Les écoles les voient. Les services sociaux s’efforcent de répondre, malgré des moyens constamment sous tension. Les maires, les agents, les associations, tous tiennent tant bien que mal. La parole portée par Jean-Luc Fichet, mercredi dernier, leur était directement adressée.
Mais au-delà du constat, une responsabilité politique a été posée. Ce n’est pas une dérive incontrôlable : c’est le résultat de décisions. Réduction des APL, remise en cause de la loi SRU, loi dite anti-squat, désengagement de l’État sur la production de logements accessibles. Le mal est documenté.
Face à cette réalité, les sénateurs socialistes n’ont pas attendu ce débat pour agir.
À l’automne dernier, un rapport sénatorial consacré aux femmes sans domicile est venu rappeler une autre réalité trop souvent invisibilisée : 120 000 femmes vivent sans logement, et chaque soir, une partie d’entre elles dorment dehors avec un enfant dans les bras. Une proposition de loi adoptée en janvier prévoit un recensement annuel des personnes sans abri dans chaque commune, y compris les plus rurales. Un outil indispensable pour construire une réponse à la hauteur, partout sur le territoire.
Les recommandations défendues par le groupe socialiste dans ce cadre sont claires :
– hébergement systématique des femmes enceintes et des mères avec enfants ;
– reconnaissance des enfants sans domicile comme bénéficiaires directs d’un accompagnement psychosocial ;
– garantie du droit à l’école, sans condition de justificatif de domicile.
L’unanimité du Sénat est à noter. Mais elle ne suffit pas. Jean-Luc Fichet l’a dit : le texte voté engage.
Il faudra désormais que les actes suivent.
Ce sont les plus vulnérables qui paient, chaque jour, l’absence de décisions.
Pour en savoir plus :
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Résolution adoptée visant à mettre fin au sans abrisme des enfants
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Proposition de loi visant à mettre en place un décompte annuel des personnes sans abri dans chaque commune – (Adoptée au Sénat en première lecture le 24 janvier 2024)