L’ÉCOLE DE LA RÉPUBLIQUE NE DOIT PLUS FERMER LES YEUX

Dans un pays où l’instruction est obligatoire, il est encore possible de passer entre les mailles du filet. Faute de données fiables. Faute de coordination. Faute de volonté politique. C’est ce que rappelle, avec une clarté qui dérange, le guide publié par l’Unicef France, en partenariat avec l’Andev et plusieurs collectivités territoriales confrontées à cette réalité au quotidien.

Intitulé « Chaque enfant à l’école ! », ce guide ne cherche pas à enjoliver les choses. Il alerte : des milliers d’enfants échappent encore à l’école de la République, souvent sans que personne ne puisse dire précisément combien, ni pourquoi. Et il rappelle, sobrement, que ce n’est pas une exception marginale mais un angle mort de notre système.

En première ligne, les maires et les élus locaux, souvent seuls pour assumer une mission pourtant nationale : repérer les enfants non scolarisés, accompagner les familles, recouper les données, et faire en sorte que l’accès à l’éducation devienne enfin une réalité pour tous.

Le guide propose des leviers : croiser les fichiers municipaux avec ceux des caisses d’allocations, associer les écoles, mobiliser les médiateurs, adapter la communication aux réalités linguistiques, accompagner les démarches administratives, penser l’inclusion dès la restauration scolaire. Rien d’extraordinaire, en apparence. Et pourtant, ce sont ces gestes-là qui changent tout, à condition que les collectivités puissent les mettre en œuvre.

Mais cela suppose du temps, des moyens, une volonté partagée.

Or, sur ce sujet, comme sur tant d’autres, les élus locaux avancent dans un silence d’État. La promesse de créer un Observatoire national de la non-scolarisation n’a pas été tenue. L’accès aux données reste flou. Les responsabilités sont renvoyées d’un échelon à l’autre, sans coordination digne de ce nom. Et pendant ce temps, la République se dérobe là où elle devrait tenir bon.

Alors oui, ce guide est utile. Mais il vient aussi rappeler une chose essentielle : le droit à l’éducation ne peut reposer uniquement sur la débrouille des collectivités. Il doit redevenir une priorité politique. Pas en discours. En actes.

Ce que le guide peut changer pour les communes

  • Mieux repérer les enfants non scolarisés, en croisant les données locales (CAF, écoles, état civil) et en mobilisant les instances de coordination existantes.

  • Accompagner les familles, notamment celles qui font face à des obstacles administratifs, linguistiques ou sociaux.

  • Mettre en place des actions de médiation et de suivi, dès la petite enfance, pour prévenir le décrochage avant qu’il ne s’installe.

  • Renforcer la coopération avec les acteurs de terrain (Éducation nationale, travailleurs sociaux, associations).

  • Interpeller l’État, en s’appuyant sur des propositions partagées par d’autres collectivités, pour exiger les moyens d’une politique éducative réellement inclusive.

Un outil utile pour faire face à un enjeu trop souvent relégué à l’ombre des responsabilités communales, et pourtant essentiel.

Chaque enfant à l’école

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