MUNICIPALES 2026 : UNE VOLONTÉ DE SERVIR QUI TIENT BON, MALGRÉ LA FATIGUE ET LA SOLITUDE

Les chiffres sont là, bruts, implacables. À un an du scrutin municipal, près d’un maire sur trois hésite encore à se représenter. Non par désintérêt, mais parce que les conditions d’exercice de leur mandat se sont durcies à un point tel que la question du renoncement n’a plus rien d’anecdotique. L’enquête nationale conduite par le CEVIPOF auprès de plus de 5 000 maires révèle ce que beaucoup vivent déjà en silence : un engagement tenace, mais fragilisé, usé par l’accumulation des contraintes, l’isolement, et l’indifférence croissante de l’État.

Une stabilité trompeuse

À première vue, le taux de maires prêts à repartir pour un mandat en 2026 semble stable par rapport à 2019. Mais cette constance masque une réalité plus inconfortable. La part d’indécis augmente, traduisant une incertitude profonde. Ce n’est pas la vocation qui s’érode, c’est l’endurance qui s’épuise. Beaucoup attendent de voir si les promesses faites aux élus locaux, notamment sur leur statut, seront enfin tenues. D’autres peinent à se projeter dans un contexte où le déséquilibre entre les responsabilités assumées et les moyens accordés devient intenable.

Dans les petites communes, la lassitude domine

Dans les communes de moins de 500 habitants, seuls 37 % des maires souhaitent poursuivre. Dans celles de plus de 9 000 habitants, ils sont 70 %. Ce fossé, qui n’a rien d’anodin, révèle des inégalités de traitement criantes. La surcharge administrative, l’absence de relais, la solitude face aux injonctions contradictoires ne sont pas des exceptions. Et pourtant, ce sont bien ces maires qui incarnent au plus près le pacte républicain.

Le mandat de trop

L’usure s’installe avec le temps. Plus les mandats s’enchaînent, plus la tentation du retrait progresse. Après un premier mandat, 46 % des maires souhaitent continuer. Après trois mandats, ils ne sont plus que 36 %. Il ne s’agit pas d’un désengagement, mais d’un constat lucide. L’énergie nécessaire pour porter des projets, défendre une commune, protéger les agents, affronter les tensions locales et répondre à des demandes sociales croissantes, tout cela s’érode, particulièrement quand le soutien fait défaut.

L’exposition permanente, un facteur de découragement

Depuis 2020, 61 % des maires déclarent avoir subi des incivilités. Un tiers a été menacé ou insulté. Un quart a été attaqué sur les réseaux sociaux. Cette banalisation des violences ne peut être traitée à la légère. Elle participe au découragement. Lorsqu’un maire cherche du soutien, il se tourne vers son équipe immédiate : secrétaire de mairie, adjoints, conseillers municipaux. Les services de l’État sont rarement évoqués.

Un attachement intact, mais mis à l’épreuve

Malgré tout, le lien au territoire demeure fort. La grande majorité des maires interrogés trouvent encore du sens dans leur fonction. Cérémonies, inaugurations, échanges directs avec les habitants restent les moments les plus gratifiants. Mais cela ne suffit plus à compenser l’usure provoquée par la complexité réglementaire, la dégradation des conditions de travail, et l’absence de reconnaissance. Être maire aujourd’hui, c’est incarner une fonction symbolique, exposée, et de plus en plus difficile à exercer dans des conditions dignes.

Une alerte que nous devons entendre

Ce que révèle cette enquête dépasse la question du renouvellement. Elle touche à l’essence même de la démocratie locale. Si les maires jettent l’éponge, c’est toute la mécanique républicaine de proximité qui vacille. Dans le Finistère comme ailleurs, l’engagement des maires reste un pilier de la vie démocratique. Mais ce pilier s’effrite, lentement mais sûrement, sous le poids des injonctions contradictoires, des budgets contraints, des attentes croissantes et de la solitude institutionnelle.

L’Union des Élus Socialistes et Républicains du Finistère tient à affirmer son soutien à celles et ceux qui, malgré tout, continuent à tenir leur place. Cet engagement mérite mieux que des discours d’encouragement. Il appelle des décisions politiques fortes, à la hauteur de ce que la République exige d’eux.

Cette analyse s’appuie sur les résultats de l’enquête nationale menée par le CEVIPOF auprès de plus de 5 000 maires, publiés en avril 2025 avec le soutien des principales associations d’élus du bloc local. Les documents sont accessibles sur le site de l’Association des Maires de France.

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