DÉFICIT PUBLIC : UNE NOUVELLE SAIGNÉE POUR LES COLLECTIVITÉS ?

À Matignon, le 15 avril, le gouvernement a réuni les représentants des collectivités, du Parlement et de la Sécurité sociale pour dresser un état des lieux des finances publiques. Officiellement, il s’agissait d’ouvrir une « opération vérité ». En réalité, l’exercice s’est déroulé sans le Premier ministre lui-même, qui a préféré intervenir ensuite lors d’une conférence de presse.

Ce qu’il faut en retenir ? Les collectivités seront une nouvelle fois sollicitées. Le chiffre de 8 milliards d’euros circule pour 2026, sans être confirmé. Mais l’intention est là. L’exécutif prévoit 40 milliards d’économies au total, et compte sur un effort « équitable » entre l’État, la Sécurité sociale et les collectivités.

Dans les faits, les premières annonces concernent le gel de 5 milliards d’euros de crédits en 2025, auxquels s’ajoutent des annulations ciblées. Aucune garantie n’est apportée sur la stabilité des recettes locales, ni sur la capacité des territoires à investir dans les années à venir.

Les associations d’élus, de l’AMF aux Régions de France, dénoncent un processus unilatéral. Plusieurs ont refusé de participer à la réunion, estimant qu’aucune négociation n’était possible. Le président du Comité des finances locales, André Laignel, l’a résumé sans détour : « Cela n’est pas sérieux de vouloir nous convoquer pour simplement nous donner la potion. »

Une conférence des territoires est annoncée pour le 6 mai. Elle est censée déboucher sur une stratégie partagée. Mais sans engagement clair de l’État, cette perspective reste largement théorique. Derrière les promesses de dialogue, nombreux sont les élus qui redoutent un scénario déjà écrit : faire peser sur les collectivités la responsabilité d’un redressement budgétaire qu’elles n’ont ni provoqué, ni les moyens d’assumer sans casser l’action publique de proximité.

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