Le 18 mars 2025, le ministère de l’Éducation nationale a publié une note de service dans le Bulletin officiel. Ce document, adressé aux recteurs et aux services départementaux, fixe les orientations pour l’année scolaire 2025, avec un objectif clair : renforcer les Projets Éducatifs Territoriaux (PEdT). L’idée est de mieux articuler les temps scolaires, périscolaires et extrascolaires pour offrir une éducation plus cohérente.
Si, sur le papier, cette ambition semble répondre à des besoins réels, une question demeure : les collectivités locales, déjà sous pression avec des budgets de plus en plus serrés, auront-elles les moyens de suivre cette réforme et de l’appliquer efficacement sur le terrain ?
Une ambition nationale, mais des inégalités criantes sur le terrain
La note ministérielle met en avant le besoin de renforcer les PEdT, en particulier dans les territoires les plus vulnérables. Cependant, la réalité sur le terrain reste bien différente. Parmi les 21 500 communes disposant d’une école publique, seulement un tiers dispose d’un PEdT actif. Le reste des communes, soit plus de 10 000, n’ont pas encore structuré leur offre éducative ou peinent à le faire.
Ce contraste entre les territoires, qu’ils soient urbains ou ruraux, soulève une question centrale : comment garantir l’égalité des chances quand les disparités de ressources sont aussi marquées ? Il est clair que l’engagement du gouvernement doit s’accompagner d’une réelle solidarité territoriale. Sinon, de nombreuses communes risquent de se retrouver sans offre éducative de qualité.
L’accompagnement : une promesse encore floue
Pour répondre à cette situation, le ministère propose la mise en place des référents départementaux et régionaux (RDCE et R2CE). Leur mission ? Coordonner les actions locales, établir des diagnostics partagés et offrir un accompagnement technique, pédagogique et financier aux collectivités. Mais cette ambition se heurte à un obstacle majeur : les moyens financiers.
Les référents sont certes des acteurs-clés de cette réforme, mais leur action reste condamnée à l’échec si les financements ne suivent pas. Le budget alloué de 5,8 millions d’euros pour 2025 est manifestement insuffisant face aux défis gigantesques des territoires les plus fragiles. L’État peut-il vraiment mener une réforme aussi ambitieuse sans revoir sa politique budgétaire ?
Les élus locaux : en première ligne, mais sans les moyens
Les élus locaux se trouvent au cœur de cette dynamique, responsables de l’organisation des activités périscolaires et extrascolaires. Mais la réalité est toute autre. Absence de financements directs, manque d’accompagnement concret et difficultés à coordonner les acteurs locaux les obligent à naviguer à vue.
L’action des référents est indispensable, mais les élus locaux doivent rester les acteurs principaux de ce processus. Sans soutien financier conséquent et outils adaptés, les collectivités auront du mal à faire face à une réforme qui semble plus imposée qu’accompagnée.
Une question de crédits mal répartis
Un des principaux obstacles reste l’allocation des crédits. Le gouvernement a annoncé un budget de 5,8 millions d’euros pour 2025, mais ce montant reste manifestement insuffisant. Ce manque de répartition équitable des fonds soulève des interrogations sérieuses : comment les collectivités locales pourront-elles faire face à des défis d’une telle ampleur si les financements ne sont pas justement alloués ?
Les partenariats financiers avec les associations jeunesse et éducation populaire devraient soutenir ces initiatives, mais si les communes les plus vulnérables n’ont pas accès à ces ressources, l’idée même de solidarité territoriale s’effondre.
Conclusion : un gouvernement qui doit repenser ses priorités
La volonté de renforcer la continuité éducative est incontestable, mais le manque de moyens et l’inefficacité de la répartition des crédits risquent d’enterrer cette réforme avant même qu’elle n’atteigne ses objectifs. Les élus locaux, qui sont les véritables acteurs du terrain, doivent être mieux soutenus par l’État. Il est temps que les priorités budgétaires soient réajustées, pour permettre une véritable transformation éducative à la hauteur des enjeux.