Bercy : Les coups de lame du gouvernement à l’encontre des collectivités locales

Dans une ultime tentative pour réduire le déficit public avant le remaniement gouvernemental, Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, a détaillé un plan sévère visant à économiser 5 milliards d’euros supplémentaires dans les budgets ministériels. Ce plan inclut également une exigence pour les collectivités locales de réaliser des économies de 2 milliards d’euros. Des mesures,  présentées comme indispensables, pour contenir un déficit public projeté à plus de 5 % du PIB cette année.

Depuis son arrivée à Bercy, Bruno Le Maire a régulièrement critiqué les dépenses des collectivités locales, les accusant de gaspillage et prônant une rigueur budgétaire stricte. Il a récemment réitéré sa position, affirmant que les collectivités devaient redoubler d’efforts pour atteindre les objectifs budgétaires fixés par l’État.

Cette stratégie s’inscrit dans un plan global visant à économiser 25 milliards d’euros cette année. Ce montant inclut déjà des réductions budgétaires drastiques annoncées en février, ainsi qu’une augmentation des recettes grâce à une taxe accrue sur la consommation d’électricité. Cependant, il reste encore 15 milliards d’euros à trouver, une partie provenant d’une augmentation des taxes sur les grandes entreprises énergétiques et l’autre des collectivités locales.

Les collectivités locales, déjà sous pression, risquent de voir leurs investissements et services essentiels paralysés par ce plan de réduction des dépenses, aggravant ainsi les disparités territoriales. Malgré les preuves contraires de leur rôle essentiel dans le maintien des services publics, le ministre de l’Économie persiste à les présenter comme des entités dépensières.

En parallèle aux mesures d’austérité, l’institut I4CE a publié un rapport soulignant l’urgence d’augmenter les dépenses publiques pour la transition écologique d’ici 2030. Ce dernier révèle une contradiction dans la politique gouvernementale actuelle : prôner des coupes budgétaires sévères tout en reconnaissant l’impératif d’investir massivement pour atteindre les objectifs environnementaux. Cette incohérence démontre un manque de clarté dans les priorités face aux défis climatiques et économiques.

Le rapport de l’I4CE précise que pour respecter les engagements de réduction des émissions de gaz à effet de serre, les dépenses publiques doivent être multipliées par trois. Cela inclut des investissements indispensables dans la rénovation énergétique des bâtiments, la transition vers les énergies renouvelables et le développement de la mobilité durable. Actuellement, ces investissements sont estimés à 94 milliards d’euros pour 2022 et devraient atteindre 206 milliards d’euros d’ici 2030, soit une augmentation de 112 milliards d’euros.

Si aucune mesure de maîtrise des dépenses n’est prise, les besoins de dépenses publiques supplémentaires pourraient atteindre 71 milliards d’euros en 2030. Cependant, en combinant diverses mesures, ce besoin pourrait être réduit à 39 milliards d’euros, dont 18 milliards pour l’État.

Le rapport souligne également que les collectivités locales doivent tripler leurs investissements dans la rénovation énergétique de leurs bâtiments pour atteindre les objectifs écologiques fixés. Cependant, ces investissements représentent une charge financière énorme malgré l’existence d’outils financiers comme les contrats de performance énergétique.

Poursuivre cette politique risque non seulement de compromettre les efforts en matière de transition écologique, mais aussi d’intensifier les tensions avec les collectivités locales. Ces dernières sont pourtant indispensables pour la mise en œuvre des politiques environnementales et la gestion de la transition écologique.

Cette stratégie gouvernementale suscite des interrogations profondes sur les priorités réelles de l’État. En se concentrant uniquement sur la réduction des dépenses publiques sans discernement, le gouvernement risque de fragiliser le tissu social et économique des collectivités locales. Les citoyens pourraient en subir directement les conséquences, à moins qu’un changement de cap ne soit opéré lors du prochain projet de loi de finances pour 2025.

La gestion des finances publiques ne doit pas se limiter à une simple course aux économies, mais doit trouver un équilibre entre rigueur budgétaire et investissements nécessaires pour un développement durable et équitable. Il est impératif que le gouvernement reconnaisse la valeur des collectivités locales et ajuste ses politiques en conséquence pour garantir un avenir durable et prospère pour tous.

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