Communes recherchent médecins désespérément

La désertification médicale, un phénomène de plus en plus préoccupant sur le territoire français. Depuis 2015, le constat est désespérément le même : toujours plus de communes deviennent des déserts médicaux et ce phénomène s’étend sur le milieu urbain.

Le manque de praticiens prêts à reprendre la suite de ceux partant en retraite est devenu un casse-tête qui n’épargne plus aucun territoire. En prise directe avec l’inquiétude de leurs administrés, les maires se mobilisent, parfois à grand frais, pour recruter des médecins. Près de 1000 maisons de santé ont été construites en 5 ans et sont, pour l’heure, la solution, car l’outil colle à l’évolution des pratiques vers un exercice coordonné entre professionnels de santé. Il permet en outre de mailler le territoire en pariant sur le fait que la concurrence devienne ainsi moins vive entre les communes.

« Les médecins mercenaires », le qualificatif n’est pas flatteur, utilisé dans milieu hospitalier pour désigner ces praticiens qui monnaient chèrement leurs prestations de remplaçants dans des services en carence. Il correspond aussi manifestement à l’attitude de certains généralistes ces derniers mois.

Selon une étude de l’Association des Maires Ruraux de France, en milieu rural, plus de la moitié des médecins a aujourd’hui plus de 55 ans. L’association observe également une tendance à la concentration des jeunes médecins dans les zones urbaines (lien : Etude AMRF).

Des banderoles « Recherche médecin généraliste », semées tels des SOS aux entrées des bourgs, deviennent de plus en plus fréquentes sur les routes de France. Dans certaines communes, des administrés n’ont plus de médecin traitant. Cela pose problème jusqu’aux Ehpad, dont certains se retrouvent sans médecin coordonnateur…

Pour certains maires, « une chose est sûre, l’idée de ces banderoles est moins onéreuse qu’une tentative de recrutement via une petite annonce dans la presse spécialisée, 2 700 euros pour trois mois et souvent aucun contact ». Le principe de la liberté d’installation demeure, mais le conventionnement n’est possible que de manière sélective pour les nouvelles installations.

Dans une interview accordée au Télégramme, Nathalie Bernard, maire de Plougasnou explique : « Il y a quelques années, Plougasnou comptait quatre médecins dans leur vieux centre médical du bourg. Dès 2016, les médecins qui n’étaient plus que trois (deux départs à la retraite, un seul remplacé) ont fait valoir le besoin d’une maison médicale digne de ce nom pour attirer de jeunes médecins et travailler avec d’autres professionnels de santé. La municipalité a donc confié à l’opérateur Office Santé le projet de construction d’une Maison de santé communale. Elle a ouvert en janvier 2021 avec un cabinet médical pouvant accueillir trois médecins libéraux et des locaux partagés pour une équipe pluridisciplinaire ». En 2019, 2 médecins s’y sont installés, mais le 3e poste reste toujours vacant, malgré les multiples tentatives de recrutement.

« J’ai l’impression que les médecins parlent aux médecins et s’opposent à toute forme de régulation, à toute obligation… ». Le sénateur du Finistère, Jean-Luc Fichet défendait un amendement, le jeudi 8 décembre dernier, proposant de redéfinir les conditions du conventionnement des médecins afin d’encourager les médecins libéraux à s’installer dans les zones sous-denses. Le principe de conventionnement territorial des médecins libéraux permettrait de compléter utilement les dispositifs d’incitation à l’installation dans les zones sous-dotées. Pour lutter plus efficacement contre la désertification médicale, il est impératif de mobiliser l’ensemble des solutions possibles, en particulier lorsqu’elles ont fait leurs preuves pour d’autres professions de santé. Les pharmaciens par exemple, sont soumis à des règles d’installation efficaces, puisque le maillage des pharmacies a été préservé en France.

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