CONGRÈS DES MAIRES : LE LOGEMENT DE RETOUR SUR LE TERRAIN

Le logement a repris une place de premier plan dans les échanges du Congrès des maires. Partout, les élus racontent la même chose: des projets qui patinent, des procédures qui s’empilent, des coûts qui dérapent et un parc ancien que l’on peine à remettre à niveau. À cela s’ajoutent des ménages qui cherchent à se loger sans toujours trouver une offre accessible ou adaptée. C’est dans ce contexte qu’un document de vingt-huit pages a été remis par François Baroin à David Lisnard. Issu des Assises du logement organisées à Troyes et présenté comme un document de travail, ce livre blanc ne se pose ni en texte théorique ni en rapport institutionnel. Il s’appuie sur des retours venus du terrain, où les mêmes difficultés reviennent d’un territoire à l’autre.
Le livre blanc ne s’arrête pas au constat. Il avance plusieurs pistes, certaines qui peuvent aider les communes, d’autres qui suscitent davantage de débat.

Une partie importante du texte porte sur la maîtrise foncière, point de tension dans de nombreux territoires. Le livre blanc décrit des collectivités qui tentent de planifier leurs projets, mais qui se heurtent à des règles qui s’additionnent sans toujours se compléter. Certaines propositions visent à assouplir des contraintes qui figent les projets, par exemple en permettant d’adapter les périmètres patrimoniaux ou en mobilisant davantage le foncier public, notamment par des baux de longue durée ou des montages partenariaux. D’autres pistes concernent la réactivation des friches, la cartographie des logements vacants ou la constitution de réserves foncières à l’échelle intercommunale.

Le texte s’attarde aussi sur les habitants, sur leurs trajectoires parfois bousculées et sur les difficultés qu’ils rencontrent pour se loger. L’accès au parc locatif comme à l’accession se complique, les règles de crédit se sont durcies et la rénovation énergétique génère autant d’espoir que d’inquiétude. Le livre blanc insiste sur la nécessité de règles plus stables, afin que ménages et collectivités puissent se projeter dans le temps sans être déstabilisés par des changements successifs. Il évoque également quelques pistes fiscales, comme l’élargissement du prêt à taux zéro ou la possibilité d’adapter certains dispositifs aux zones rurales, des orientations qui appelleront un examen attentif.

Certaines propositions offrent des pistes intéressantes pour les communes. L’idée d’un rôle renforcé des intercommunalités dans la stratégie foncière rassemble large, de même que la nécessité de soutenir l’ingénierie locale ou d’améliorer la lisibilité des aides et des dispositifs de rénovation. La suggestion d’utiliser plus souvent le foncier public pour des projets à vocation sociale ou environnementale peut également répondre aux besoins de territoires où les marges sont limitées. Le livre blanc aborde aussi la situation des copropriétés fragiles, en évoquant le rôle du Popac et la nécessité de renforcer les moyens qui lui sont consacrés.

D’autres orientations suscitent davantage de réserves. L’accent mis sur l’accession à la propriété comme modèle quasi systématique ne reflète pas la diversité des situations locales, en particulier dans des territoires où le parc locatif, la réhabilitation de l’ancien et les solutions intermédiaires restent indispensables. Certaines propositions fiscales, comme l’élargissement du prêt à taux zéro sans condition de travaux, interrogent sur leur capacité à répondre aux besoins des territoires les plus tendus ou les plus ruraux.

Le livre blanc comporte enfin des propositions qui relèvent clairement d’une orientation plus marquée. La volonté de rendre les diagnostics de performance énergétique strictement informatifs s’inscrit dans un recul des exigences environnementales, alors que les communes demandent plutôt un accompagnement et une stabilisation des normes. De même, quelques pistes autour de la gestion locative renforcée semblent difficiles à transposer dans le parc social comme dans le parc privé sans créer de nouvelles fragilités. Ces éléments devront être examinés avec prudence.

On y retrouve donc des remarques souvent entendues dans les communes, ainsi que des pistes de travail déjà évoquées par les élus. À chacun de distinguer ce qui peut nourrir l’action locale et ce qui relève davantage d’une orientation politique nationale.

Dans le Finistère, ces enjeux se lisent facilement sur le terrain. Le littoral attire alors que les terrains se raréfient, les centres-bourgs cherchent à se revitaliser, les jeunes ménages peinent à se loger près de leur lieu de travail et les logements vacants persistent. Autant de défis qui ne se résoudront pas en une seule mesure, mais qui exigent une approche claire, stable et adaptée à chaque commune.

Le livre blanc est consultable ci-dessous pour celles et ceux qui souhaitent en prendre connaissance.

Livre blanc logement

Posted in Actu, Actualités, Dossiers Thématiques, Urbanisme.