COP TERRITORIALES : « SAISON 3 », ET MAINTENANT ?

La scène est désormais connue : chaque année, ou presque, une nouvelle annonce vient redessiner les contours de la planification écologique. Le 27 novembre, c’est depuis l’Assemblée nationale que le ministre Mathieu Lefèvre a esquissé la prochaine étape. Après les municipales, une « saison 3 » des COP serait lancée, cette fois « à l’échelle des communes et des intercommunalités ».

Sur le papier, l’idée a tout pour séduire. Dans la réalité, elle réveille surtout une lassitude profonde, qui traverse aujourd’hui l’ensemble des exécutifs locaux. Car ce que les maires réclament n’est pas un dispositif supplémentaire, mais de la stabilité, de la visibilité et du temps pour agir.

Depuis deux ans, les COP territoriales se succèdent avec un même objectif : descendre la planification jusqu’au terrain. Mais les retours sont contrastés. La Cour des comptes l’a rappelé : la première vague n’a pas trouvé son public. Trop macro, trop conceptuelle, trop éloignée des réalités locales.

La « saison 2 », consacrée à l’adaptation climatique, a davantage mobilisé. Reste que beaucoup d’élus parlent d’exercices chronophages, de « grandes messes » où chacun repart sans savoir ce qui changera vraiment dans son budget ou dans son agenda de travaux.

À écouter les maires intervenus lors de la table-ronde, on retrouve des situations que beaucoup d’élus finistériens connaissent bien : l’empilement des plans, les objectifs qui bougent sans cesse, les réunions qui dévorent du temps, des services sous tension et, au fil des années, une fatigue institutionnelle qui s’accumule.

Un maire l’a résumé d’une phrase : on ne planifie plus, on rattrape. Chaque nouvelle règle oblige à reprendre les documents, parfois plusieurs fois, jusqu’à perdre le fil du travail engagé.

Partout, la demande est la même : simplifier et stabiliser. Plus que de nouveaux outils, les collectivités réclament :

  • des règles qui tiennent dans le temps, sans modifications tous les six mois ;

  • des documents moins nombreux et mieux articulés (PCAET, PLU, PLH, ZAN : chacun avance à son rythme, rarement ensemble) ;

  • des moyens lisibles, pluriannuels, pour sortir du court-termisme budgétaire ;

  • un accompagnement renforcé pour les petites communes, qui n’ont ni ingénieur, ni chargé de mission climat, ni service dédié.

Un élu présent l’a résumé simplement : « La planification donnera envie quand elle se traduira en projets visibles ».  Les élus ne demandent pas à planifier davantage, mais à pouvoir faire.

La question du niveau pertinent reste ouverte. Beaucoup jugent que l’intercommunalité est l’échelon naturel pour planifier. D’autres défendent l’ancrage communal, seul capable d’embarquer les habitants et de rendre la transition crédible.

Mais tous s’accordent sur un point : sans rythme maîtrisé, la transition écologique risque de devenir un objet d’usure, alors même qu’elle devrait être un moteur. Les débats sur le ZAN en sont l’illustration : l’instabilité réglementaire a poussé nombre de communes à attendre plutôt qu’à agir.

Au fond, la « saison 3 » des COP pose la vraie question : que restera-t-il de cette succession de dispositifs lorsque les exécutifs municipaux de 2026 entreront en fonction ? Probablement ceci :

  • un besoin urgent de cohérence entre les différents plans ;

  • des habitants qu’il faudra convaincre et accompagner ;

  • des arbitrages financiers plus serrés que jamais ;

  • une attente forte d’ingénierie, notamment dans les communes rurales ;

  • et une demande, unanime, d’un État partenaire, fiable, contractuel, qui ne change pas les règles en cours de route.

On sait bien que ce ne sont pas les déclarations nationales qui font avancer un projet, mais le travail des équipes locales : les délibérations municipales, les choix d’investissement, l’ingénierie du quotidien. Les COP peuvent être un outil. Elles ne le deviendront que si elles apportent de la lisibilité, du temps et des moyens.

Pour les communes, l’enjeu n’est plus de « territorialiser la planification » mais de la rendre tenable.

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