Déploiement du Très haut débit pour tous en Bretagne: le point dans le Finistère

Gwenegan Bui, Conseiller régional, Vice-Président de Mégalis, fait le point d’avancement sur le déploiement du Très haut débit en Bretagne, et notamment dans le Finistère.

 

Lors du vote de son budget 2017 en session le jeudi 9 février, la Région Bretagne a fait le point sur le déploiement du THD en Bretagne, outil crucial pour la compétitivité de nos territoires et pour l’inclusion des Bretonnes et des Bretons. Où en sommes-nous en 2017 quand l’ambition est d’une couverture de 100% en 2030 ?

Toutes les collectivités bretonnes (Région-départements, intercommunalités) rassemblées au sein de Mégalis se sont fixées un objectif : apporter la fibre optique à tous les Bretons, quel que soit leur lieu d’habitation.

La fibre optique, c’est un débit infini. C’est une nouvelle technologie qui permettra à la Bretagne de jouer à armes égales dans la mondialisation mais aussi de tirer tous les bénéfices de la nouvelle société numérique que nous avons devant nous. C’est donc un nouveau réseau à construire, sur l’ensemble de la Bretagne, comme en son temps ont été construits les réseaux d’eau ou d’électricité.

Ce projet : c’est la construction de 1,2 million de prises en Bretagne pour un coût de plus de 2 milliards d’euros d’investissements publics, avec des coûts unitaires totalement différents selon les territoires de notre région, allant parfois du simple au quintuple (de 800 à 4000 € la prise). Tous les élus comprendront que cet effort collectif demande du temps.

La première tranche de travaux, qui est en cours, a débuté en 2015 et a vu au mois d’octobre 2016 les premiers Bretons abonnés.

32 zones de déploiement seront fibrées dès la première tranche, correspondant à 70 000 prises.Les premières ouvertures commerciales ont eu lieu fin 2016-tout début 2017 sur les zones de Tonquédec/Caouennec/Quemperven, Grâces, Glomel/Kergrist-Moelou, Lamballe, Carhaix-Plouguer, Le Ferré, Quemper Guezennec, Louvigné du Désert, La Gacilly, Gourin, Locminé, Muzillac, Saint-Jean-Brevelay, Landivisiau, Lesneven, Le Drennec/Plabennec, Beaucé, Redon, Auray, Andouillé Neuville.

160 000 autres installation de prises sont en cours d’études et de travaux cette année, devant ouvrir à la commercialisation en 2018. Au cours du premier semestre 2017, Mégalis adressera une nouvelle salve de prises (400 000 sur l’ensemble de la Bretagne) que devront répartir sur leur territoire les intercommunalités afin d ‘engager la nouvelle phase (2019-2023).

La dernière phase qui s’étend de 2023 à 2030 portera sur un volume de 600 000 prises.

L’objectif est un déploiement dans les mêmes conditions et au même prix pour tous les Bretons. Concrètement, comment cet engagement est-il possible ?

Le cout d’une prise est très variable selon la densité, le tissu urbain, la taille d’une commune. Il oscille entre 800 et 4000€ en zone rurale comme je le disais précédemment. L’ensemble des collectivités, au sein de Mégalis, a décidé de mettre en commun tous les moyens financiers nécessaires pour donner à chaque intercommunalité le choix, ou pas, d’engager son territoire dans ce projet. Pour toutes les intercommunalités de Bretagne, la prise coûte et coûtera 445€. Le reste à charge est porté par les fonds des Départements, de la Région, de l’Etat et de l’Union européenne. Cette décision est un choix d’aménagement du territoire, de solidarité entre les Bretons.

On entend des signes d’impatience remonter sur certains territoires. Les délais seront-ils tenus ?

Ce n’est pas parce que nous sommes au 21ème siècle que construire un réseau jusqu’au dernier abonné se fait en un claquement de doigt.

Si l’objectif fixé est que tous les Bretons aient accès au très haut débit en fibre optique à l’horizon 2030, une grande majorité auront accès au très haut débit bien avant.

Concrètement, en 2020 : 65% des bretons seront éligibles au Très Haut Débit, c’est-à-dire d’après la définition de l’Europe à au moins 30 Mb/s et 51 % seront raccordables en Fibre optique permettant des débits de plusieurs centaines de Mb/s.

Comparé au déploiement de l’électricité ou à d’autres réseaux de distribution, la durée de déploiement du projet Bretagne Très Haut Débit est beaucoup plus rapide. Il est vrai cependant que nous avons rencontré des difficultés imprévues comme l’élagage ou le remplacement obligatoire de poteaux électriques, des capacités des entreprises insuffisantes pour répondre à la demande, des changements parfois impromptus décidés par des municipalités dans les localisations des armoires numériques, des échanges avec les Architectes des Bâtiments de France… Mais rien de cela n’a entravé l’avancée du projet.

C’est vrai que 2030 c’est une échéance qui peut paraître lointaine. Mais nous sommes la seule région de France à avoir cette exigence de 100% de fibre optique. Un autre choix aurait été possible, porté par certains, qui était de dire que l’on ne s’engageait qu’à couvrir 80% de la population bretonne. Mais alors les conséquences auraient été brutales pour les 20% restants... Sans accès à la fibre, le décrochage territorial aurait été définitif. Et ce « 80% » n’a pas la même traduction selon les territoires. Pour le Centre Ouest Bretagne par exemple, seulement 30% de la population aurait alors été desservie par la fibre.

Nous nous sommes battus contre cette proposition. Nous avons relevé le défi de l’égalité d’accès, l’égalité des droits. Mais forcément, c’est plus difficile, plus cher.

Où en sommes-nous du déploiement dans le Finistère en particulier ?

 Très concrètement, ce sont 373 100 locaux qui sont à fibrer par Mégalis dans le Finistère.

Entre 2014 et 2017, 17 700 locaux seront fibrés. Entre 2016 et 2018, ce sont 55 200 prises supplémentaires qui seront installées. Cela concerne 20 intercommunalités.

A partir du premier semestre 2017, nous allons répartir, suite aux décisions des conseils communautaires, 117 200 locaux. Il restera alors 183 000 prises à planifier pour la dernière programmation.

 Ce sont 122 M€ qui ont été investis pour la première phase en Finistère. Somme qui se ventile de la façon suivante :

EPCI : 29,5M€

Etat (FSN) : 27,8 M€

Europe (FEDER) : 30,3 M€

Megalis (emprunt) : 12,4M€

Région : 15,3M€

Département 29 : 6,7M€

Étape importante en 2017, vous en parliez : les intercommunalités vont devoir définir les zones à déployer en priorité sur leur territoire entre 2019 et 2023. Pouvez-vous nous expliquer cette méthodologie ?

Nous entrons dans une phase d’accélération du déploiement mais qui doit maintenant tenir compte aussi des risques économiques du fermier choisi pour porter notre projet pour les 17 prochaines années. La moitié des 400 000 prises à répartir suivra un schéma de déploiement correspondant aux optimums financiers du fermier. Les 200 000 autres prises seront proposées à la répartition des intercommunalités en fonction de leur stratégie de développement, soit plus que la première phase.

Les intercommunalités et les Départements discuteront de la stratégie de déploiement, Mégalis vérifiera et validera les zonages en fonction de la cohérence du projet.

Le déploiement du THD en Bretagne c’est aussi très concrètement de la formation et de l’emploi. Quelle est la politique de la Région en ce domaine ?

 Selon une estimation donnée par Orange, le projet mobilise environ 500 personnes, dont 210 emplois directement créés spécifiquement pour le projet. Cette estimation englobe l’ensemble de l’écosystème, Orange et ses entreprises sous-traitantes pour la première phase (230 000 prises). La montée en puissance de la seconde phase appellera à des recrutements inévitables pour répondre à la commande publique.

La Région par sa politique de formation professionnelle finance des dispositifs qui permettent à des demandeurs d’emploi de pouvoir acquérir les compétences pour ces nouveaux métiers. Les entreprises de génie civil et de pose de fibre s’engagent elles aussi dans cette direction pour leurs salariés. C’est un secteur d’avenir qui a une visibilité financière sur les 15 prochaines années ! Quel secteur économique peut en dire autant ?

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