DGF 2025 : ENTRE ILLUSION D’AUGMENTATION ET DÉFIANCE ORGANISÉE

La Direction générale des collectivités locales a publié le 31 mars les montants 2025 de la Dotation Globale de Fonctionnement. Dans le Finistère comme ailleurs, les élus locaux découvrent une évolution que le gouvernement présente comme une hausse : +150 millions d’euros à l’échelle nationale. En réalité, cette prétendue augmentation correspond mot pour mot à la baisse de la Dotation de Soutien à l’Investissement Local.

L’État n’augmente pas l’enveloppe globale : il déplace les lignes, tout en organisant des ponctions ciblées sur la dotation forfaitaire de plusieurs milliers de communes, dont la « richesse » dépasse un seuil opaque. Cette mécanique finance la hausse des dotations de solidarité sans assumer l’effort budgétaire qu’elle implique.

Des critères reconnus, des moyens retenus

À Morlaix, la dotation forfaitaire recule, malgré un profil territorial fragile : 761 000 € de DSU, 483 000 € de DSR. Une commune qui cumule les critères de péréquation, mais qui voit ses ressources contraintes.

Bannalec, avec 893 000 € de DSR et une DGF totale de 1,35 million d’euros, illustre ce paradoxe : les communes rurales ne sont pas totalement ignorées, mais leurs dotations plafonnent, sans permettre de faire face à l’augmentation des charges de fonctionnement.

Plougasnou, Lanmeur, Pouldreuzic, Guimaëc : autant de communes avec des dotations modestes, instables, parfois inexplicables. Guimaëc, par exemple, ne perçoit aucune DSU ni DNP, et sa DGF plafonne à 110 000 €.

Autre cas révélateur : Le Relecq-Kerhuon, commune périurbaine active, perçoit près de 790 000 € de DGF, sans DSU ni DSR. Elle bénéficie uniquement de la dotation forfaitaire et de la dotation nationale de péréquation (127 000 €). Comme beaucoup de communes situées dans l’orbite des villes centres, elle ne correspond à aucun des profils privilégiés dans la répartition actuelle, tout en devant répondre à des enjeux croissants de population, d’équipements et de cohésion sociale.

Une réponse en décalage avec les charges assumées

Brest reste la commune la plus dotée du département, avec 33,7 millions d’euros, dont 9,6 millions au titre de la DSU. À Quimper, la DGF atteint 10,9 millions, mais la DSU (1,5 million) ne reflète ni les réalités sociales, ni les efforts assumés localement. Dans ces deux villes, les besoins progressent plus vite que les dotations.

Là aussi, l’impression est connue : l’enveloppe est figée, les critères flous, les arbitrages centralisés. Autant de signaux qui éloignent les collectivités d’une politique de confiance et de visibilité.

Budgets à voter, informations à venir

La publication des montants de DGF est intervenue in extremis, le 31 mars, pour un vote des budgets attendu d’ici le 15 avril. Le détail des calculs ? Il arrivera plus tard. Les valeurs des critères ? Pas avant mai ou juin. Quant à la possibilité de recours, elle ne sera ouverte qu’une fois les montants notifiés officiellement par arrêté.

C’est une nouvelle démonstration d’impréparation organisée.
Les maires sont priés de voter en connaissance de cause… sans disposer de tous les éléments.

Uun signal politique inquiètant

Le discours gouvernemental sur la solidarité territoriale ne résiste pas à l’examen des faits. Les collectivités sont confrontées à une logique de redistribution à moyens constants, fondée sur des critères instables et un calendrier inopérant.

Dans ce contexte, les élus ont toute légitimité à poser la question suivante : comment poursuivre une action publique exigeante, dans un tel brouillard budgétaire ? Comment défendre les services publics locaux quand l’État ne garantit ni la régularité, ni la lisibilité de ses dotations ?

Pour rappel : Que peuvent faire les communes concernées ?

  • Les montants actuellement publiés sont indicatifs : ils seront officialisés par arrêté ministériel entre fin mai et juin.

  • Une fois l’arrêté publié, les collectivités disposent de deux mois pour exercer un recours, notamment en cas de variation inexpliquée par rapport à 2024.

  • En attendant, si des questions persistent sur le calcul ou la variation de leur DGF, les communes peuvent se rapprocher de leur préfecture, comme le prévoit la DGCL.

  • Les communes concernées par un écrêtement ou une ponction de leur dotation forfaitaire doivent rester vigilantes : certaines baisses sont justifiées par des seuils peu lisibles ou des critères dont les valeurs ne seront connues qu’en mai.

Les montants 2025 de la DGF, commune par commune, sont disponibles sur le site de la DGCL :
https://www.dotations-dgcl.interieur.gouv.fr

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