DILICO : UN DISPOSITIF INJUSTE, UNE MÉCANIQUE QUI POSE QUESTION

Ce n’est pas parce que le Finistère est peu concerné cette année qu’il faut se taire. Le dispositif de lissage conjoncturel des recettes fiscales des collectivités territoriales, dit Dilico, a été instauré par l’article 186 de la loi de finances pour 2025. Derrière son nom technique, il traduit une logique qui inquiète : un prélèvement exceptionnel d’un milliard d’euros sur les budgets locaux, sans garantie de retour, sans anticipation possible, et sans concertation réelle.

 Une mécanique instable

Dans sa version initiale, le projet gouvernemental prévoyait un prélèvement plus lourd (3 milliards d’euros), concentré sur un nombre réduit de collectivités. La version finale, adoptée en loi de finances, abaisse le montant à 1 milliard… mais l’applique à plus de 2 000 collectivités, y compris de taille modeste.

Le calcul repose sur un indice synthétique maison, combinant le potentiel financier et le revenu par habitant. Toute collectivité dépassant de 10 % la moyenne nationale est prélevée, jusqu’à 2 % de ses recettes de fonctionnement. Le résultat : une instabilité budgétaire généralisée, avec une notification des montants… au mois d’avril, bien après le vote des budgets locaux.

 Finistère : contributions limitées, mais rien n’est garanti

Dans le Finistère, seules six communes sont concernées par le prélèvement Dilico en 2025 :

  • Bénodet : 41 181 €

  • Carantec : 24 918 €

  • Roscoff : 5 965 €

  • Landivisiau : 8 677 €

  • Brennilis : 3 632 €

  • Tréflévénez : 1 249 €

Les intercommunalités comme Brest Métropole, Quimper Bretagne Occidentale, Morlaix Communauté, Quimperlé Communauté  ne sont pas ponctionnées cette année. Mais faut-il vraiment s’en féliciter ?

Ce répit est conjoncturel. Il ne résulte d’aucune garantie, d’aucun choix politique clair. Si le dispositif est prolongé, comme cela semble déjà envisagé à Bercy, rien ne dit que les collectivités du Finistère seront épargnées demain.

Un précédent dangereux

Le gouvernement affirme que les collectivités seront remboursées « par tiers » sur trois ans, à compter de 2026. Mais l’article 186 précise que ce reversement n’aura lieu que dans la limite des recettes disponibles. Autrement dit : les sommes prélevées aujourd’hui ne seront pas forcément restituées demain. Et l’État garde toute latitude pour modifier le dispositif en cours de route.

Ce que cela dit de la méthode

Le Dilico n’est pas un outil de solidarité. C’est un instrument de recentralisation budgétaire. Derrière la façade technique, on retrouve une constante : l’État puise dans les marges locales, sans transparence, sans prévisibilité, et sans reconnaissance du rôle que jouent les collectivités dans l’investissement public.

Pour les élus, l’absence de ponction cette année ne doit pas endormir la vigilance. Le précédent est là. Et il pourrait être reconduit, renforcé, ou élargi dans les prochains budgets. À l’heure où les moyens des communes et intercommunalités sont déjà mis à rude épreuve, c’est d’une réforme durable et concertée des finances locales qu’il faudrait débattre. Pas d’un mécanisme d’urgence imposé d’en haut.

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