À l’approche des élections municipales de 2026, il devient urgent de s’intéresser à l’épuisement des maires, un sujet longtemps négligé. Une récente étude intitulée « Du risque de burnout au bien-être des maires français : sortir de l’ignorance » réalisée par l’Observatoire AMAROK sous la direction d’Olivier TORRES et Mathieu LE MOAL de l’Université de Montpellier en partenariat avec l’Association des Maires Ruraux de France, révèle les défis auxquels les élus locaux sont confrontés au quotidien. Ces résultats, basés sur plus de 300 000 données, révèlent une réalité alarmante et appellent à une mobilisation rapide des pouvoirs publics pour assurer le bien-être des élus.
L’étude AMAROK-AMRF : des chiffres révélateurs
L’étude réalisée en 2024 auprès de plus de 2 000 maires sur deux périodes, révèle un état préoccupant d’épuisement parmi ces élus. En effet, 31,40 % des maires présentent des signes d’épuisement, avec 3,5 % en risque sévère de burnout, ce qui équivaut à environ 1 200 élus. Ces chiffres concernent principalement les maires de petites communes, souvent moins pris en compte dans les grandes réformes.
Cet épuisement est exacerbé par plusieurs facteurs. L’isolement, notamment, est un facteur central : de nombreux maires, surtout dans les petites communes, se trouvent seuls face à des défis complexes sans soutien administratif adéquat. L’accumulation des responsabilités et le manque de ressources aggravent ce sentiment d’impuissance. Les femmes maires, en particulier, sont plus vulnérables en raison de la combinaison des responsabilités professionnelles, familiales et municipales, ce qui accroît leur exposition au risque de burnout.
Des outils pour mieux comprendre le bien-être des maires
Pour aller plus loin, l’Observatoire AMAROK a développé deux outils novateurs : le stressomètre et le satisfactomètre. Ces dispositifs évaluent les niveaux de stress et de satisfaction des élus. Les principaux stresseurs identifiés sont la lourdeur administrative, la charge de travail et les difficultés liées aux subventions. En revanche, les sources de satisfaction incluent la réussite des projets, la participation aux cérémonies locales et la bonne entente avec l’équipe municipale.
L’AMRF : un engagement pour les maires ruraux
Selon Michel Fournier, président de l’AMRF, il est essentiel de tirer parti de cette étude pour aborder les enjeux liés aux élections de 2026. Exercer le mandat de maire est une expérience humaine exceptionnelle, mais il devient nécessaire de mieux comprendre et caractériser les défis ainsi que les points positifs de cette fonction, dans le but de réformer les conditions d’exercice et de rendre cette responsabilité plus attractive pour l’avenir.
L’AMRF, engagée de longue date dans la reconnaissance du statut des élus ruraux, voit dans cette étude un levier pour renforcer leur protection et alléger les contraintes administratives. Bien que 69,3 % des maires interrogés expriment une satisfaction générale vis-à-vis de leur mandat, les risques psychosociaux auxquels ils sont exposés ne doivent pas être sous-estimés. Le président de l’AMRF souligne également l’importance de créer des conditions de travail plus favorables pour les maires et de mener une réforme en profondeur du statut de l’élu, afin de mieux les soutenir face aux défis actuels.
Une République qui protège ses serviteurs
Comme l’a mentionné Jean-Louis Sanchez, directeur de l’Observatoire National de l’Action Sociale Décentralisée, dans le cadre de l’étude, « une République mature est une République qui protège ceux qui la servent ». Les maires sont souvent le premier point de contact entre l’État et les citoyens. Ils incarnent les valeurs de la République au quotidien et jouent un rôle clé dans la cohésion sociale des territoires. Il est donc impératif de garantir leur bien-être pour assurer le bon fonctionnement de notre démocratie.
Cette étude a permis de combler une lacune importante en offrant une analyse rigoureuse des risques psychosociaux auxquels les maires sont exposés. Il est désormais temps d’agir en faveur de ceux qui, au cœur de nos communes, portent les valeurs de la République et veillent au bien-être de leurs administrés.
En conclusion : un enjeu prioritaire pour l’avenir
Les résultats sont clairs : la santé mentale des maires doit devenir une priorité pour les pouvoirs publics. La surcharge de travail, l’isolement et l’augmentation des contraintes administratives fragilisent ces élus, qui jouent pourtant un rôle fondamental dans la gestion locale. L’avenir de la fonction de maire dépendra de la capacité des décideurs à prendre en compte ces problématiques et à mettre en place des solutions adaptées.
Les outils développés par l’Observatoire AMAROK constituent une approche pratique pour évaluer le stress et prévenir les risques de burnout chez les maires. Le soutien psychologique, l’allègement des responsabilités administratives et la reconnaissance du rôle central des maires sont autant de défis à relever d’ici 2026 pour assurer la pérennité de la démocratie locale.
En protégeant nos maires, c’est la République elle-même que nous renforçons.