Kévin Faure : Plaidoyer pour un débat de qualité et une solidarité au Conseil départemental du Finistère

Hier, lors de la séance plénière du Conseil départemental du Finistère, Kévin Faure a prononcé un discours qui a résonné dans la salle des délibérations. Son intervention a balayé une large palette de sujets, abordant des questions essentielles pour le département et l’ensemble de notre société.

Kévin Faure a ouvert son discours en rendant hommage à Stéphane Le Bourdon, un conseiller départemental défunt, louant son engagement pour son canton. Ce moment d’émotion a souligné l’importance des valeurs de proximité et de dévouement dans le travail politique.

Puis, abordant les problèmes mondiaux tels que la guerre en Ukraine et l’antisémitisme, Kévin Faure a salué les efforts humanitaires du Finistère, soulignant ainsi la solidarité remarquable du département. Il a exprimé une inquiétude profonde face à la montée des tensions et des inégalités, insistant sur l’importance de la lutte contre l’antisémitisme et de l’adoption de réponses collectives face aux crises.

Sa critique a ensuite ciblé la politique nationale, où il a fustigé une détérioration alarmante du débat politique et une escalade préoccupante de l’extrémisme. Avec fermeté, il a exposé les défaillances et les contradictions du gouvernement, mettant en avant l’effet néfaste et immédiat de ces politiques sur le Finistère.

Puis, en se tournant vers la question de l’immigration, il a su mettre en évidence les contradictions du discours politique et leurs impacts distincts et tangibles sur le terrain. En évoquant les projets gouvernementaux, considérés comme régressifs, il a souligné l’aggravation des difficultés pour les plus démunis et l’intensification de la pauvreté dans le pays.

Enfin, Kévin Faure a rappelé l’engagement de Finistère et Solidaires, à contribuer de manière constructive au débat démocratique, tout en soulignant leur rôle dans la réponse aux crises et leur disponibilité à servir l’intérêt général.

Par son discours hier, Kévin Faure a appelé à un débat politique de qualité, à la solidarité, et à l’action collective pour relever les défis actuels. Il a su rappeler aux élu·es leur devoir envers leurs concitoyen·nes et a incité à l’engagement en faveur de l’intérêt général.

Retrouvez ci-dessous l’intégralité de son discours.


Monsieur le président, chers collègues,

Avant de développer mon propos liminaire, je voulais ici, dans cette salle des délibérations de
notre collectivité rendre hommage à notre collègue et ami Stéphane Le Bourdon, conseiller
départemental du Finistère lors du mandat précédent, hélas décédé le mois dernier et que
notre groupe n’oublie pas.

Élu en 2015 sur le canton de Quimper-1 en binôme avec Armelle Huruguen, Stéphane Le Bourdon
était des élus qui avaient l’intérêt général et surtout le sens du travail de proximité chevillé au
corps comme au coeur. Chacune des personnes qui a pu le croiser ici à Quimper ou partout en
Finistère se souvient de son humour permanent et de ses ironies qui ponctuaient ses expressions
profondément ancrées sur un socle nourri de belles valeurs. Au nom du groupe Finistère et
Solidaires, j’adresse à l’ensemble de sa famille nos plus sincères et chaleureuses pensées.

Monsieur le Président, ici au coeur du Finistère, à la pointe de l’Europe, nous assistons aux
tensions majeures qui déchirent notre monde : la guerre en Ukraine qui se prolonge, les
attaques terroristes en Israël et sur notre territoire national, le sort des populations palestiniennes
à Gaza et en Cisjordanie témoignent des désordres mondiaux qui ont hélas le point commun
d’endeuiller et de meurtrir les peuples. Je salue toutes les initiatives citoyennes et humanitaires, à
destination de ces femmes, de ces enfants, de ces hommes qui subissent douloureusement les
conséquences des échecs diplomatiques anciens comme récents. Ces initiatives principalement
celles venant de notre département témoignent que notre Finistère est un Finistère
profondément solidaire.

A ces crises mondiales, s’ajoutent des conséquences tout aussi néfastes et inquiétantes. La
sombre montée de l’antisémitisme est particulièrement effrayante et je salue les mobilisations
citoyennes et nourries qui ont eu lieu le 12 Novembre dernier notamment à Brest et Quimper et
où nous nous sommes retrouvés. Aux inégalités florissantes, aux stigmatisations détestables, à
toutes les violences fragilisant notre société et tant de tensions assommant l’unité nationale de
notre République, s’ajoute cet antisémitisme. Jamais nous ne devons et ne pourrons accepter
qu’une telle haine resurgisse dans notre pays, n’en déplaise à celles et ceux qui alimentent ces
thèses rétrogrades et stigmatisantes. Le 20 Novembre dernier, une stèle en mémoire à Simone
Veil a été délibérément brisée à Lesneven. C’est intolérable. Chacune de ces attaques doit
s’accompagner par une dénonciation collective et des réparations immédiates sans aucune
hésitation pour témoigner qu’au lieu de nous diviser, les attaques des ennemis de la République
contribuent à nous rassembler.

Que dire de la qualité du débat politique ambiant à l’échelle nationale… les bras m’en tombent
quand je lis ou j’entends chaque jour les argumentations bâties par les acteurs du débat politique
national. Mêlant insultes en contradiction avec le devoir d’exemplarité même lorsqu’il s’agit de
dénoncer des propos abjects, l’insulte n’est qu’un ingrédient supplémentaire à la zizanie
collective. Pire, l’emportement d’un député de la majorité présidentielle envers une députée
écologiste cette semaine dont les propos sont tellement terrifiants qu’il me serait insupportable
de les répéter ici. Où va-t-on ? Les promesses de 2017 de fonder une “République En Marche”
semblent bien lointaines mais au-delà de constater l’échec du “ni de droite, ni de gauche”, ce sont
les atteintes permanentes à notre République qui inquiètent. A défaut d’en être tous des
coupables, cela me laisse redouter hélas qu’un jour nous en soyons toutes et tous des
victimes.

Que le gouvernement n’entende pas cette lente et douloureuse dégradation de la société me
paraît impossible. Cette inaction ajoute de la défiance envers tous les acteurs publics. Cela
renforce chaque jour, le rejet de l’action publique et bâti durablement la montée des extrêmes. (et
je n’ose même pas évoquer les incohérences du président de la République qui, à chaque fois
qu’il vient en Finistère annonce des engagements qu’il ne tient pas. C’était le cas en 2018 sur
l’accessibilité du Finistère, c’était encore le cas à Plougastel-Daoulas le mois dernier promettant
l’arrêté de catastrophe naturelle – ces incohérences nourrissent la défiance dans l’action
publique).
L’actualité parlementaire est une triste illustration d’un manque de profondeur et d’un manque
de vision. Car à force de calculs politiques visant à faire la danse du ventre à la droite républicaine
sur le projet de loi immigration, c’est la morsure du serpent de l’extrême droite qui menace de
frapper. Imaginer des appels d’airs ou des abus permanents à notre modèle social, c’est
considérer par défaut que l’étranger est un problème. En Finistère, ceux qui dénoncent
l’immigration dans notre pays un jour, sont sans doute ceux qui se réjouissent le lendemain
que certaines activités non reconnues comme métier en tension soient exercées par des
étrangers. Pensons-y quand nous achetons nos fruits et légumes des cultures maraîchères du
Nord Finistère !

Quand ce même gouvernement déploie continuellement ses propres projets régressifs où les
victimes sont toujours les moins aisés, cela accroît les inégalités et intensifie chaque jour la
pauvreté dans le pays. Collectivité des solidarités humaines, le Conseil départemental est
pleinement impacté par ces mesures gouvernementales anti-sociales.
J’ai en mémoire la séance du DOB de Décembre 2021 où vous me répondiez que vous vous
inscriviez dans l’opposition à la majorité présidentielle, j’en demeure néanmoins pantois quand je
lis et j’observe la nature de vos fréquentes relations avec les ministres de ce gouvernement qu’en
tant qu’opposition vous combattez probablement. Dialoguer institutionnellement dans l’intérêt
du Finistère est une chose, mais rester muet au déséquilibre constant des recettes de l’Etat
envers le département en est une autre. Pouvons-nous singulièrement nous réjouir de revenir
de Paris avec des chèques de quelques millions quand le solde de la facture dûe par l’Etat au
Conseil départemental du Finistère frôle les 150 millions d’euros annuel ? Ce ne sont pas des
recettes fraîches pour notre budget, ce sont à peine des remboursements de créances dues
par l’Etat.

J’évoquais les crises mondiales, mais fort heureusement Monsieur le Président, ici en Finistère,
éloignés des crises géopolitiques, nous pouvons nous réjouir d’un débat démocratique
relativement sain.
De plus, comme je vous sais particulièrement attentif aux signaux de reconnaissance, je souligne
que vous avez une chance de présider cette assemblée départementale en pouvant compter
sur une opposition constructive.
Certes, les finistériens ont choisi que cette assemblée départementale soit pourvue d’une très
forte opposition (qui n’en demeure pas moins progressiste) mais cela donne un poids important
aux débats que nous avons – même s’ils n’interviennent que 4 fois par an. Je pense que vous
reconnaitrez néanmoins :
– la constance du groupe Finistère et Solidaires d’être toujours constructif
– la multitude de propositions qui maillent nos interventions et nos séances depuis le
début du mandat
– l’engagement permanent du groupe Finistère et Solidaires pour être disponible, pour
porter main forte et servir l’intérêt général : sur les crises comme celles des incendies des
Monts d’Arrée, la crise de la pêche ou encore la tempête Ciaran. Pour muscler l’action
publique lorsqu’elle est urgente, vous pouvez compter sur la disponibilité des élus Finistère
et Solidaires.
– l’effort permanent de contribuer aux débats avec des interventions nourries, étayées et
bâties sur les réalités et les besoins des finistériens.

Dans un souci permanent de servir l’intérêt général et pour rythmer le mandat 2021>2028, notre
groupe ajustera son organisation en 2024, notamment par des changements de commissions
thématiques de plusieurs élus du groupe. Le mandat départemental est riche d’une diversité de
compétences et en tant qu’élus locaux représentants le Conseil départemental sur nos cantons,
l’interconnaissance et la participation aux échanges dans plusieurs commissions thématiques
nous permet de pouvoir répondre rapidement aux nombreuses sollicitations que nous recevons –
encore plus lorsque les services publics se déconstruisent voire reculent.
Enfin, j’émets le voeu que nos débats même s’ils sont parfois passionnés demeurent respectueux
des uns et des autres. Hors de cette salle, je souhaite que notamment par la voie médiatique,
l’équilibre du débat soit respecté et respectueux. Il est insupportable de lire des attaques
fréquentes sur vos prédécesseurs ou votre tentative de laisser à penser qu’avant vous c’était le
chaos – encore plus quand nous n’avons pas voix au chapitre. Des articles publiés cette semaine
contenaient encore des attaques en règle contre vos prédécesseurs proférant des mensonges
pouvant frôler parfois avec la diffamation. Je le redis, j’émets sincèrement le voeu que l’expression
démocratique soit respectée ici dans cette salle, comme hors les murs. La semaine prochaine,
j’utiliserai le droit de réponse pour répondre précisément aux attaques du début de la semaine.

Tout au long de cette séance, dont l’ordre du jour est relativement maigre, nous nous
exprimerons donc sur le fond des politiques départementales. Car, contrairement à ce qui m’a
été reproché dans une séance précédente, mon propos liminaire n’a pas pour objet de résumer
toutes nos positions de fond, sinon, le débat en ressortirait déséquilibré et relativement court.
Peut-être y trouveriez vous une certaine “efficacité” (à utiliser votre maître mot) à faire des
séances d’1 ou 2 heures seulement, mais la qualité du débat dans cette assemblée ne doit pas son
efficacité à sa durée mais à l’expression pleine et entière des sensibilités politiques et au respect
démocratique. Des rapports dédiés à la tempête et au DOB sont à l’ordre du jour, je n’évoquerai
pas ces sujets en propos liminaires mais avec mes collègues nous interviendrons dans la suite de
la séance.

Alors, votre majorité départementale est-elle adepte du “en même temps” promu par la
majorité présidentielle, ou comme vous à priori en opposition avec ce gouvernement et la
valse de ses ministres visitant le Finistère ? Laissons les débats de notre séance se tenir voir si
votre majorité souhaite une société davantage tournée vers le travail ou d’abord vers
l’émancipation des individus, si elle souhaite plus ou moins d’immigration, si elle veut
prioritairement lutter contre les fraudes ou garantir d’abord l’universalité des droits, … Car en
dépit du climat politique national et au-delà des délibérations formelles soumises au vote, les
finistériens aiment y voir clair dans les valeurs défendues par leurs élus locaux.

Je vous remercie.

Kévin FAURE

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