Interview de Thierry Burlot, Vice-Président de la Région Bretagne en charge de l'Environnement et du Développement durable.
Vous avez lancé le 9 mars dernier, à St Malo, pour la Région Bretagne, la Cop Régionale, déclinaison de la COP 21 qui s’est tenue à Paris en décembre 2015. La Bretagne est la première région à proposer cette déclinaison. Pourquoi avoir fait ce choix ?
La Bretagne dispose d'atouts formidables en matière de qualité environnementale, ses paysages comme ses littoraux sont un élément fondamental de l'identité bretonne. Si les enjeux écologiques ont pu par le passé diviser et crisper, ils sont de plus en plus porteurs de sens et de fierté pour de nombreux acteurs. C'est cela que nous souhaitons montrer à travers la COP bretonne, qui prévoit un travail de 18 mois sur le climat mais aussi la biodiversité, l'eau, nos ressources naturelles, pour favoriser la mobilisation et l'engagement concret sur ces sujets. La Bretagne est prête pour ce travail.
Quel calendrier et quelle méthode de travail mettez-vous en place ?
Nous repartons de la méthode qui a fait le succès de la COP21 et de l'Accord de Paris sur le climat : d'abord, définir ou re-définir des objectifs communs ; ensuite, élaborer des engagements concrets ; et enfin se donner les moyens de suivre les résultats obtenus. Pour élaborer cette méthode de travail, qui est complexe, nous souhaitons nous appuyer sur les représentants des collectivités, de la société civile, mais aussi du monde universitaire qui peut nous apporter les outils adéquats.
Nous réunirons donc un comité de suivi restreint avec des scientifiques, qui nous accompagnera sur les 18 mois de la démarche. Les participants présents à Saint-Malo ont produit déjà beaucoup de propositions qui seront le socle de leur réflexion pour construire la Charte de la COP. Chacun peut encore continuer à apporter sa contribution.
A la rentrée 2017, nous lancerons le Cahier des engagements où chacun pourra inscrire l'action qu'il souhaite conduire pour accélérer la transition de la Bretagne.
Nous clôturerons la COP à l'automne 2018 lors d'un événement festif, pour acter nos objectifs et finaliser le Cahier des engagements.
Qu’attendez-vous de cette COP à l’échelle de la Bretagne ?
La prise en compte de l'environnement est déjà une vieille histoire en Bretagne. Elle a démarré par des événements tragiques ou douloureux, comme les marées noires ou les pics de pollution de l'eau que nous avons connus. Mais aujourd'hui les enjeux écologiques et énergétiques sont devenus non plus un problème mais bien une opportunité pour le développement de la Bretagne, de ses territoires et de son économie. Qu'il s'agisse d'économie circulaire, de mise en valeur de notre patrimoine naturel, de reconquête de la qualité des eaux, les projets se multiplient. La COP de la Bretagne mettra en lumière tous ces projets et, c'est notre objectif, en suscitera de nouveaux.
La transversalité est une condition majeure de cette démarche. C'est pourquoi, dès la journée de lancement à Saint-Malo, nous avons voulu parler d'aménagement du territoire, de mobilisation citoyenne, d'économie et d'agriculture, d'innovation, de culture. Ne plus séparer les sujets mais parler globalement de l'avenir de notre région, de nos ressources naturelles communes, pour le bien-être en Bretagne, c'est bien l'objectif de ce projet.
De quelle manière les territoires bretons seront-ils associés ? Les élus ?
Les territoires seront bien sûrs associés au premier chef. Nous avons lancé un appel à contribution au début de l'année 2017, nous encourageons les élus qui le souhaitent à nous envoyer leurs propositions. La transition écologique et énergétique prendra des formes différentes selon les territoires, il est important que cette diversité des situations soit exprimée.
Ensuite, nous comptons sur les collectivités pour porter et impulser la formulation d'engagements concrets. Par exemple, 75 % des communes bretonnes sont déjà engagées dans la réduction de l'usage des produits phytosanitaires, grâce à cela 700 000 bretons habitent dans des communes labellisées Zéro Phyto. Nous pouvons encore aller plus loin.