La Première ministre a dévoilé le jeudi 15 juin dans la Vienne le plan qui doit succéder à l’Agenda rural tout en tentant de corriger les défauts de ce programme. Par ce plan, intitulé « France Ruralités », le gouvernement souhaite lutter contre le sentiment de relégation des ruraux et soutenir les projets dans les territoires qui se développent, tout en aidant là où les difficultés persistent.
Le plan comprend plusieurs mesures, dont la création du programme « Villages d’avenir » pour les petites communes rurales. Ce programme vise à fournir un soutien en ingénierie aux projets locaux et sera réalisé grâce au déploiement de chefs de projets dans les sous-préfectures. Le gouvernement compte également sur la participation d’autres collectivités locales, telles que les conseils départementaux et régionaux, pour soutenir et compléter l’action de ce programme.
Le plan accorde également une grande importance à la valorisation des atouts ruraux tels que les puits de carbone, les réserves de biodiversité et les zones de production d’énergie. Le gouvernement reconnaît le rôle central de ces éléments dans la planification écologique et prévoit une augmentation des fonds alloués à la préservation de la biodiversité, afin d’encourager les territoires ruraux à préserver et à mettre en valeur ces espaces protégés.
En ce qui concerne la mobilité, le gouvernement prévoit la création d’un fonds de 90 millions d’euros sur trois ans pour soutenir les projets innovants visant à développer des alternatives à la voiture dans les territoires ruraux et peu denses.
Le logement et le commerce sont également pris en compte dans le plan. Le gouvernement souhaite lutter contre la vacance des logements anciens en cœur de bourgs et de villages en proposant de nouveaux outils et une prime de sortie de la vacance. De plus, un budget spécifique de 15 millions d’euros sera alloué aux opérations de revitalisation du territoire afin de redynamiser les centres des villages.
En ce qui concerne l’accès aux soins, le gouvernement prévoit le déploiement de 100 médico-bus dans les zones où l’accès aux soins est difficile. Les détails concernant les professionnels de santé à bord des médico-bus et les territoires bénéficiaires restent encore à préciser.
Enfin, les Zones de Revitalisation Rurale (ZRR) seront pérennisées en 2024, mais une réforme globale modifiant la carte de ce zones est prévue. Le gouvernement souhaite mettre en place un double zonage pour mieux prendre en compte les spécificités de chaque commune et favoriser la coopération entre les communes.
En conclusion, ce plan comporte quelques failles qui méritent d’être soulignées. Malgré une volonté de lutter contre le sentiment de relégation et de soutenir les projets dans les territoires ruraux, le manque de visibilité sur le terrain et la répartition inégale des financements suscitent des interrogations.
Certaines mesures, comme la refonte des Zones de Revitalisation Rurale (ZRR), manquent de précision quant à leurs contours, et ne peuvent créer que de l’incertitude pour les entreprises bénéficiant d’exonérations fiscales et sociales.
Dans le domaine de la biodiversité, la valorisation des aménités rurales est une avancée, mais reste à voir comment cette reconnaissance se traduira concrètement et quels seront les critères d’éligibilité pour bénéficier des financements. De même, le déploiement de médico-bus pour améliorer l’accès aux soins dans les zones rurales est une initiative intéressante, mais les détails concernant les professionnels de santé à bord et les territoires ciblés restent flous.
Enfin, bien que des subventions soient prévues pour lutter contre la vacance commerciale et la réhabilitation des logements anciens en milieu rural, il est nécessaire de veiller à ce que ces mesures ne se limitent pas à des actions ponctuelles, mais qu’elles s’inscrivent dans une vision à long terme pour revitaliser durablement les centres des villages.