La loi de programmation militaire (LPM) 2024-2030 a été adoptée récemment, après des lectures successives à l’Assemblée et au Sénat.
Les député·es socialistes ont joué un rôle clé dans l’obtention d’avancées significatives lors des débats parlementaires. Ils ont obtenu que la révision de la LPM passe par le vote d’un nouveau projet de loi, plutôt que par un simple débat. Ils ont également obtenu la mise en place d’un livre blanc associant les parlementaires pour la préparation de la future LPM « post 2030 ». Une commission parlementaire de vérification des exportations d’armement a également été créée.
Malgré ces avancées, il reste encore beaucoup de travail à accomplir pour faire face aux défis de modernisation des forces armées. Les montants alloués dans cette LPM ne sont pas considérés comme « historiques » et des incertitudes persistent. Des facteurs tels que l’inflation et les restes à charge pourraient réduire l’effort financier réel. Les choix stratégiques effectués soulèvent des questions sur la capacité de la France à honorer ses engagements envers ses partenaires européens et alliés, ainsi qu’à maintenir son leadership dans le cadre de ces coopérations. Ces choix impliquent également des renoncements ou des transformations profondes, en particulier pour l’Armée de terre.
Le nouveau projet de loi de programmation militaire établit les grandes orientations de la France en matière de commandes et de dépenses militaires pour la période 2024-2030. Un budget total de 413 milliards d’euros est consacré aux armées, ce qui représente une augmentation de 40% par rapport à la loi de programmation précédente. Cependant, 30 milliards d’euros seront utilisés pour couvrir l’inflation.
La modernisation de la dissuasion nucléaire est une priorité de cette LPM. Elle absorbera 13% des crédits alloués, avec des projets tels que la rénovation et la mise en place de nouveaux missiles nucléaires, la préparation d’une quatrième génération de missiles aéroportés, ainsi que des travaux sur les avions lanceurs et les sous-marins nucléaires.
D’autres domaines bénéficieront également d’efforts prioritaires. Environ 10 milliards d’euros seront alloués à l’innovation, y compris l’intelligence artificielle et les technologies quantiques, et 6 milliards d’euros seront dédiés à l’espace, notamment dans le cadre du programme de satellites souverains Syracuse V. La défense sol-air recevra une enveloppe de 5 milliards d’euros, tandis que les forces de souveraineté engagées dans les territoires outre-mer et les zones économiques exclusives bénéficieront de 13 milliards d’euros. Des investissements importants sont également prévus pour le renseignement, la cyberdéfense et les forces spéciales.
La production de munitions sera renforcée avec un budget de 16 milliards d’euros, dans le but de constituer rapidement des stocks en cas d’engagement durable dans un conflit.
Malgré ces investissements, certains équipements recevront moins de financements que prévu. Par exemple, le nombre de blindés, d’avions Rafale et de frégates sera réduit par rapport à la programmation précédente, en raison de contraintes budgétaires et de la nécessité de recomposer les programmes.
La loi de programmation militaire introduit également des mesures pour renforcer le contrôle des exportations d’armes. Une commission parlementaire d’évaluation des exportations d’armes sera créée, ce qui constitue une avancée historique. Cependant, le contrôle parlementaire reste limité par rapport à certains pays voisins.
Enfin, la LPM accorde une attention particulière aux conditions des troupes et des réservistes. Des efforts seront déployés pour améliorer leur traitement et leurs rémunérations. Le nombre de réservistes opérationnels devrait doubler d’ici à 2030, et des crédits seront alloués pour atteindre un ratio d’un réserviste opérationnel pour deux militaires d’active à l’horizon 2035.
La loi de programmation militaire pour 2024-2030 pose les fondements des futurs investissements et orientations stratégiques de la France en matière de défense. Bien qu’elle représente une avancée significative, des défis demeurent pour répondre aux problématiques actuelles et futures de modernisation des forces armées et pour garantir la capacité de la France à honorer ses engagements internationaux.