Les récentes annonces du Premier ministre, Gabriel Attal, ont semé l’inquiétude dans le secteur du logement social. Lors de son discours de politique générale devant les députés le 30 janvier dernier, il a révélé son intention de réviser la loi Solidarité et Renouvellement Urbain (SRU), qui impose aux communes en zone urbaine un quota minimal de logements sociaux afin de promouvoir la mixité sociale. La stupéfaction fut générale à l’annonce par le Premier ministre de l’inclusion des logements intermédiaires, visant les classes moyennes supérieures, dans le calcul du quota minimal de logements sociaux que chaque commune doit réaliser d’ici 2025.
Face à ces annonces, plusieurs maires de grandes villes et métropoles françaises, dont François Cuillandre, maire de Brest, et Nathalie Appéré, maire de Rennes, ont exprimé leur inquiétude dans une lettre adressée au Premier ministre. Ils craignent que la révision de la loi SRU, incluant les logements intermédiaires dans le calcul, représente une erreur majeure susceptible de compromettre la politique de logement social.
Dans le cadre de cette controverse, Emmanuelle Cosse, présidente de l’Union sociale pour l’habitat, a décrit cette décision comme un « détricotage de la loi SRU », soulignant ainsi les inquiétudes sur ses répercussions potentielles sur la politique de logement social et la mixité sociale. De son côté, la Fondation Abbé Pierre, consciente des défis exacerbés par les propositions de révision, a insisté sur la nécessité d’une action urgente pour faire face à l’ampleur sans précédent de la crise du logement. Soulignant le fossé grandissant entre les besoins non satisfaits et les ressources disponibles, la fondation a réitéré son appel à une politique de logement qui non seulement préserve mais amplifie l’effort envers la création de logements sociaux accessibles aux strates les plus défavorisées de la société. Ce plaidoyer fait écho à l’urgence d’aborder avec plus de vigueur les besoins des millions de personnes en quête d’un foyer adéquat, tout en critiquant fermement les orientations actuelles susceptibles d’atténuer l’impact de législations clés comme la loi SRU.
Il convient de noter que le Logement Locatif Intermédiaire (LLI), qui s’adresse à la classe moyenne « haute », ne répond pas aux mêmes critères de solidarité que le logement social traditionnel. Selon Manuel Domergue, directeur des études de la Fondation Abbé Pierre, seuls 3 % des ménages en attente de logement social seraient éligibles au logement intermédiaire, mettant en évidence une disparité dans l’accès au logement.
Les élus réclament un soutien renforcé de l’État pour la production de logements sociaux, notamment en termes de financement, d’encadrement des prix du foncier, et de rénovation des logements existants, soulignant l’urgence de garantir un accès à un logement abordable et décent pour toutes et tous.
En réaction aux annonces du Premier ministre, Tristan Foveau, Premier secrétaire fédéral du Finistère, et Jean-Paul Vermot, Président de l’UESR29, ont également exprimé leur opposition dans un communiqué. Ils critiquent les réformes proposées par le gouvernement, les jugeant contraires aux valeurs de solidarité et de justice sociale, et appellent à préserver les engagements initiaux de la loi pour un accès équitable au logement pour toutes et tous.