LOI DUPLOMB, UN PESTICIDE LÉGISLATIF

Adopté dans la confusion, le texte porté par la majorité se voulait une réponse à la crise agricole. Il n’a apporté ni revenu, ni régulation, ni vision. Dans l’hémicycle, Mélanie Thomin a dénoncé un texte nocif jusque dans sa méthode, et annoncé un recours au Conseil constitutionnel.

Présentée en urgence pour calmer la colère du monde agricole, la loi Duplomb promettait de répondre aux « blocages » du terrain. Mais sous couvert de simplification, le gouvernement a livré un texte à la fois creux et clivant, sans ligne claire ni ambition écologique. Résultat : un débat tronqué, une Assemblée court-circuitée… et au final, une adoption dans la confusion, par 316 voix contre 223, mardi 8 juillet.

Dans cet étrange épilogue législatif, Mélanie Thomin a pris la parole au nom de son groupe pour dénoncer ce qu’elle a qualifié de « texte brutal et démagogique », incapable selon elle de répondre aux véritables défis de l’agriculture française.

Plutôt que de céder aux oppositions simplistes entre écologie et productivité, la députée a défendu plusieurs axes structurants : relancer le plan de sortie des pesticides, réguler le foncier agricole, garantir un meilleur partage de la valeur dans les filières. Le tout sans céder aux concurrences déloyales qui sapent les revenus des agriculteurs.

À ses yeux, le texte constitue « une tromperie à l’égard du monde agricole », n’apportant « rien en faveur d’un meilleur revenu », « rien pour réguler le foncier agricole », « rien pour réformer notre système d’aides ». Pire encore, il représenterait « un danger pour la santé humaine et environnementale », notamment par la réintroduction de l’acétamipride, un pesticide néonicotinoïde banni depuis 2020.

Ce retour d’un produit controversé, sans avis scientifique, s’inscrit, pour la députée, dans « l’offensive réactionnaire des droites contre l’écologie », après le vote du moratoire sur les énergies renouvelables ou la remise en cause de MaPrimeRénov’.

La méthode parlementaire employée est elle aussi vivement critiquée. Un débat verrouillé, une CMP opaque, une Assemblée court-circuitée : de quoi alimenter la défiance démocratique. Le groupe socialiste déplore avoir été « heurté à une union allant de la droite macroniste à l’extrême droite », qui a permis le rejet du texte en première lecture… puis son adoption dans des conditions troubles.

« Mon groupe parlementaire saisira le Conseil constitutionnel afin de faire échec à ce texte régressif », a-t-elle conclu. Pour les socialistes, la transition agroécologique reste le seul chemin viable : souveraineté alimentaire, renouvellement des générations, et respect de la santé humaine et environnementale.

Ce texte ne répond à rien. Il renonce à tout.

À voir et à lire ci-dessous : l’intervention de Mélanie Thomin à l’Assemblée nationale, ainsi que son communiqué complet.

 

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