À l’heure où le silence des médiathèques résonne face au vacarme des écrans, Morlaix Communauté choisit une voie différente. Elle mise sur un pari audacieux : faire de la lecture un acte accessible à tous, partout, sans entrave ni barrière.
Dès septembre, vingt médiathèques vont unir leurs forces sous le nom de « Penn da benn », un réseau breton qui signifie « de bout en bout ». Une carte unique, un fonds commun de 160 000 documents, des livres bien sûr, mais aussi des CD, des DVD, des jeux, s’ouvrent ainsi aux habitants, où qu’ils habitent.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : à peine 10 % des habitants fréquentent aujourd’hui ces lieux, bien loin des 15 % nationaux. C’est cette fracture que le projet entend combler, en répondant à un besoin criant de proximité et de simplicité.
Plus qu’une simple réorganisation, « Penn da benn » s’inscrit dans une volonté politique forte : supprimer les obstacles, offrir la culture comme un droit, et non un privilège. Pour cela, une navette itinérante sillonne le territoire, déposant livres et autres trésors culturels jusque dans les communes les plus isolées.
Les effets sont déjà visibles. Là où la gratuité a été instaurée, les adhésions explosent, à Lanmeur elles ont plus que quadruplé en quelques mois. Un signe que la culture libérée de ses barrières attire, rassemble et donne envie.
Au-delà des prêts, la rentrée sera rythmée par des temps forts, où familles, écoles et médiathèques s’uniront pour faire vivre les lectures estivales. Une manière de prolonger l’aventure, de créer du lien, d’éveiller la curiosité.
Morlaix Communauté ne se contente pas d’un beau projet culturel : elle trace une piste nouvelle, là où se joue l’égalité des chances, la cohésion sociale, l’émancipation. Dans un monde saturé d’images et de bruit, elle réaffirme que la lecture reste un refuge, une liberté, une promesse.