PERMIS DE CONDUIRE : DANS LE FINISTÈRE, L’ÉPREUVE COMMENCE AVANT MÊME L’EXAMEN

À force d’attendre, on finit par renoncer. Dans le Finistère, décrocher une place d’examen au permis de conduire relève de l’obstacle administratif. 120 jours d’attente en moyenne entre deux tentatives, contre 99 à l’échelle nationale : les jeunes du département partent avec un handicap, bien réel, bien chiffré.

Le problème est connu : pas assez d’inspecteurs, trop de candidats. Là où les transports collectifs sont limités, notamment en zones rurales, le permis reste un passage incontournable vers l’autonomie, l’emploi et la formation. Et quand on échoue une première fois, il faut parfois attendre un trimestre complet pour espérer une seconde chance. Face à ces difficultés, les auto-écoles locales subissent une pression importante. Certaines sont contraintes de limiter leurs inscriptions, d’autres doivent même envisager de cesser leur activité, faute de pouvoir suivre la demande.

Mélanie Thomin a interpellé le ministre de l’Intérieur à ce sujet : que compte faire l’État pour sortir de cette impasse ? La réponse, publiée ce 27 mai, déroule un renfort très progressif : un inspecteur muté, deux stagiaires en formation, un retraité mobilisé, et quelques examens organisés le samedi. Pas de quoi rattraper le retard.

Sur le papier, le taux de réussite dans le Finistère (62 %) est légèrement supérieur à la moyenne nationale (58,7 %). Mais c’est un leurre : ceux qui réussissent y parviennent malgré les délais. Et ceux qui n’ont pas les moyens de patienter ou de repayer des heures de conduite sortent du système.

Les auto-écoles ferment, les jeunes décrochent, les élus locaux tirent la sonnette d’alarme. Le Finistère ne demande pas un privilège. Juste d’être traité à égalité. Et de ne pas avoir à prouver qu’un permis de conduire, ici, vaut peut-être plus qu’ailleurs.

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