Recul du trait de côte : l’échelle intercommunale, clé d’une adaptation durable

Le changement climatique redessine nos littoraux, et avec lui, les priorités des élus locaux. Lors du congrès des maires, le recul du trait de côte a été au centre d’un atelier qui a soulevé des questions essentielles : comment s’adapter efficacement à ce phénomène tout en jonglant avec des réglementations mouvantes et des moyens limités ?

Sébastien Miossec, maire de Riec-sur-Bélon et président de Quimperlé Communauté, intervenant lors de cet atelier, a porté un message clair : pour relever ce défi, les collectivités doivent conjuguer stabilité réglementaire, solidarité territoriale et planification à long terme.

L’urgence d’une approche collective

Sébastien Miossec a souligné l’importance de dépasser l’échelle communale dans la gestion du recul du trait de côte. « L’échelle intercommunale est souvent beaucoup plus pertinente que l’échelle communale », a-t-il affirmé, évoquant des enjeux liés au logement, au tourisme ou aux mobilités qui nécessitent une coordination accrue. Le Plan Local d’Urbanisme Intercommunal s’impose comme une réponse adaptée, permettant de mutualiser l’ingénierie et d’anticiper collectivement les impacts climatiques.

Son territoire illustre bien cette complexité, avec des défis variés comme la rénovation d’infrastructures portuaires fragilisées et la gestion de l’urbanisation, désormais contrainte par les objectifs de sobriété foncière imposés par le Zéro Artificialisation Nette.

Stabilité réglementaire et gestion des moyens

Au-delà de la planification, Sébastien Miossec a insisté sur un enjeu crucial : la stabilité des règles. « Changer les cadres tous les trois mois ne nous aide pas à imaginer un plan d’action sur le long terme », a-t-il averti. Avec les récentes évolutions législatives : adoption des SRADDET, révision des SCoT et des PLUI d’ici 2028 , les élus locaux sont contraints de jongler avec des échéances rapprochées et des ressources limitées.

Ce calendrier serré soulève des questions de moyens humains et financiers. « La révision simultanée de ces documents implique de mobiliser des ingénieurs ou de faire appel à des bureaux d’études saturés, ce qui représente un coût considérable pour nos collectivités », a-t-il alerté.

La gouvernance au cœur des solutions

Pour Sébastien Miossec, un PLUI réussi repose avant tout sur une gouvernance claire et partagée. « Parlez de gouvernance, discutez de la manière dont vous voulez construire votre PLUI, du rôle des communes et des différentes instances impliquées », a-t-il encouragé. Il a insisté sur l’importance de ces discussions pour que le document aboutisse de la meilleure manière possible, notamment dans des contextes tendus exigeant des réponses de moyen et long terme.

Construire une résilience littorale par une vision commune

Cet atelier a révélé une réalité incontournable : le recul du trait de côte n’est pas seulement une question environnementale, mais un défi politique et économique qui exige des décisions courageuses et des ressources à la hauteur des enjeux. Les collectivités locales, bien que sous pression, ne cessent de démontrer leur capacité à innover et à coopérer. Mais sans une stratégie nationale claire et un soutien financier structuré, les territoires littoraux risquent d’être abandonnés à des solutions inadaptées.

L’avenir des littoraux se joue aujourd’hui dans la capacité des élus, des intercommunalités et de l’État à se mobiliser ensemble, non pas dans l’urgence, mais dans une vision partagée à long terme. Le temps des ajustements ponctuels est révolu : il faut désormais construire une résilience territoriale digne de ce nom.

Source vidéo : Association des Maires de France (AMF) – Atelier sur le recul du trait de côte

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