Le Président de la République pourrait annoncer, le 13 mai prochain, la tenue d’un référendum à questions multiples. Parmi les thèmes évoqués figure celui de l’organisation territoriale, présenté comme une réponse à l’immobilisme politique actuel. Mais sous l’apparente volonté de « faire trancher les Français », c’est surtout une tentative de reprendre la main qui se dessine.
Une réforme sans concertation
Le millefeuille territorial est une cible facile. Trop de niveaux ? Trop de dépenses ? Le refrain est bien connu. Mais derrière ce discours, ce sont des équilibres locaux qu’on s’apprête à fragiliser. La suppression d’un échelon, comme cela a été évoqué à plusieurs reprises par le Président, reviendrait à affaiblir les politiques publiques de proximité, souvent portées par les départements. Ce sont pourtant ces collectivités qui assurent au quotidien les solidarités, la gestion des collèges, l’aide sociale ou les routes.
Simplifier n’a de sens que si cela améliore concrètement le service rendu. Or, une réforme conduite à distance, sans s’appuyer sur l’expérience des élus locaux, ne peut qu’aboutir à une recentralisation déguisée.
Un référendum pour contourner le débat parlementaire
Dans un contexte de blocage institutionnel, le référendum peut apparaître comme une issue. Mais à condition que les conditions du débat soient claires, que les questions soient compréhensibles, et que la campagne permette une délibération démocratique réelle. Rien n’indique, à ce stade, que ce sera le cas. Le risque est connu : une consultation perçue comme un plébiscite, détournée en vote sanction, et dont les conséquences seraient lourdes pour les collectivités.
Faire appel au peuple ne dispense pas du dialogue avec les élus. Au contraire, c’est dans un travail patient, partagé, entre l’État et les collectivités, que peut naître une réforme juste et efficace de l’organisation territoriale.
Ce n’est pas d’un choc institutionnel que les territoires ont besoin, mais de reconnaissance et de moyens pour agir.