Restaurer l’égal accès aux soins

DEBAT LUNDI 6 DECEMBRE 2010, à 19h00 Espace du Roudour, SAINT MARTIN DES CHAMPS

Animé par :

  • Jean-Luc FICHET, Sénateur du Finistère, conseiller général, maire de Lanmeur
  • Daniel LE BRAS, Médecin hospitalier, ancien maire de Quimperlé

Dans le Finistère, la désertification médicale menace certaines communes rurales et périurbaines partageant les mêmes symptômes : vieillissement des médecins installés, manque d’attractivité du métier pour les jeunes craignant d’y être trop isolés ou surmenés… Ceci a pour conséquences tant l’engorgement des services hospitaliers d’urgence que des inégalités grandissantes d’accès aux soins de proximité…

Comment garantir l’égal accès de tous à la santé sans définir une politique ambitieuse et responsable à cet effet dans les territoires ruraux ? Nombreux sont les maires finistériens aujourd’hui qui se mobilisent pour pallier cette désertification médicale : les maisons de santé se multiplient grâce à leurs efforts !

Cette rencontre a permis de faire un premier bilan de ces structures de mutualisation des soins et d’aborder d’autres pistes possibles pour favoriser l’installation de jeunes médecins. L’occasion de lancer une réflexion commune aux élus locaux, aux différents acteurs de la santé et à tous nos concitoyens soucieux de défendre des services de santé de proximité dans leurs territoires...

Article du Télégramme – Le 8 Décembre 2010

Animée par Jean-Luc Fichet, sénateur-maire de Lanmeur, une conférence-débat sur le thème des déserts médicaux a eu lieu lundi soir, à l’Espace du Roudour. L’élu s’est ensuite prêté au jeu des questions-réponses.

  • Déserts médicaux ! N’en parle-t-on pas trop ?

Jean-Luc Fichet. La problématique posée n’est pas nouvelle, mais elle est de plus en plus évidente. Le constat est sévère et les chiffres parlent : l’âge moyen des médecins – plus de 50 ans actuellement – en activité augmente ; d’autre part, la répartition n’est pas équilibrée, car il s’agit d’une profession « libérale », ce qui signifie que les jeunes médecins peuvent s’installer où ils le souhaitent. Malheureusement, la loi HPT (Hôpital, patient, territoire), appliquée depuis un an, n’a pas pris en compte ce problème, qui touche au domaine politique et que l’on peut comparer aux problèmes d’absence du haut-débit, des déserts universitaires, des régions de sous-emplois ou des manques en terme de réseau routier.

  • Ne faut-il pas simplement former plus de médecins ?

Pas forcément, car actuellement 7.400 médecins arrivent au terme de leurs études chaque année ; il y en avait 8.000 dans les années 70 et 3.400 en 1993. La barrière du numerus clausus a été franchie et l’effort de formation est réalisé ; mais ces études sont, bien sûr, encore longues. Le problème est que seulement 10%, contre 40% précédemment, s’orientent vers le statut de médecin généraliste. Des phénomènes comme la féminisation, mais surtout la recherche d’une qualité de vie et le rejet de la vie de solitude du médecin de campagne à l’ancienne, ont modifié la donne.

  • Quelles sont alors les solutions ?

En tant que maire d’une petite commune et anciennement directeur du conseil d’administration de l’hôpital de Lanmeur, j’ai proposé la mise en place d’un dispositif multimédical, qui doit permettre de regrouper infirmières, médecins généralistes et spécialistes, podologues, kinés et orthophonistes, etc. C’est une forme de solution. Les efforts de recrutement réalisés dans des pays comme la Roumanie se sont révélés un vrai désastre. Une méthode coercitive, qui obligerait le jeune médecin à « devoir » des années de travail dans des zones en demande, peut être une solution. Il existe déjà des incitations et aides au financement. Peut-être faut-il repositionner les métiers du médecin et de l’infirmière dans leurs vraies fonctions. Il ne faut pas perdre de vue que ce domaine de la santé est une fonction régalienne, du domaine de l’État, et que cette santé est souvent la base de nos comportements, de nos conversations.

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