À la veille de l’annonce du plan gouvernemental pour lutter contre le narcotrafic, Jérôme Durain et Olivier Faure ont pris la parole jeudi 7 novembre pour exposer la vision socialiste face à ce fléau. Avec une proposition de loi portée par Jérôme Durain, les socialistes prônent une réponse à la fois ferme et structurée, appelant à une action coordonnée contre le trafic de drogue et à des mesures sociales pour soutenir les territoires les plus touchés.
Une mobilisation née de la gauche
Jérôme Durain, co-président de la commission d’enquête sénatoriale sur le narcotrafic, a rappelé que cette initiative provient directement de la volonté des élus de gauche, en particulier des socialistes, communistes et écologistes marseillais, confrontés quotidiennement aux ravages de ce fléau dans leur ville. En effet, l’impact du narcotrafic à Marseille a fait émerger la nécessité d’une réponse politique forte, qui a mené à la création de cette commission d’enquête chargée d’analyser en profondeur les mécanismes de propagation et les failles institutionnelles qui facilitent l’implantation de ces réseaux criminels.
Le rapport, publié en mai dernier, dresse un tableau alarmant de l’extension du trafic de drogue en France. D’abord concentré dans les grandes agglomérations, le phénomène s’étend maintenant à de nouveaux territoires, des zones rurales aux villes moyennes, ainsi que les départements d’outre-mer. Ce constat, affirme Jérôme Durain, révèle une montée en puissance des narcotrafiquants, capables de contourner les réponses traditionnelles de l’État par des moyens financiers, technologiques et logistiques qui défient les forces de l’ordre et les élus locaux.
Pour répondre à cette situation critique, la commission a formulé des recommandations concrètes, concrétisées dans une proposition de loi déposée en juillet 2023, qui sera examinée au Sénat le 27 janvier 2024. Ce texte législatif, fondé sur les conclusions de la commission, vise à combler les lacunes juridiques et opérationnelles identifiées, en renforçant les outils de lutte contre les réseaux de drogue et en coordonnant davantage les acteurs publics impliqués dans cette mission.
Pour un renforcement de l’OFAST
Parmi les propositions phare du texte, le renforcement de l’Office Anti-Stupéfiants (OFAST). Placé sous la tutelle des ministères de l’Intérieur et de l’Économie, cet office a la responsabilité exclusive de coordonner la lutte contre le trafic de drogue sur tout le territoire, en lien étroit avec la police, la gendarmerie, la douane et les services de renseignement. Jérôme Durain insiste : « Il faut un commandement unifié pour frapper les têtes de réseau ».
La proposition de loi recommande également un Parquet National Anti-Stupéfiants (PNAST) pour traiter de manière centralisée les affaires de grande envergure, à l’image des parquets spécialisés dans la lutte contre le terrorisme ou la criminalité financière. Avec une compétence exclusive sur les dossiers les plus complexes, ce parquet garantirait une action judiciaire renforcée contre les chefs de réseau.
Blanchiment et corruption : des mesures renforcées
Pour affaiblir les réseaux de narcotrafic, le texte propose un renforcement des mesures contre le blanchiment d’argent, pilier économique des trafiquants. Estimés à environ 6 milliards d’euros annuels, les profits générés par le trafic de drogue sont souvent injectés dans des secteurs stratégiques tels que le luxe, l’immobilier ou l’automobile, permettant aux criminels de dissimuler et de légitimer des capitaux illicites. En plus d’inciter certains secteurs à coopérer davantage pour détecter les flux suspects, le texte propose de faciliter la saisie et la confiscation des biens criminels, privant ainsi les trafiquants de leur base financière.
Lutte anti-corruption et protection des élus locaux
Dans les zones touchées par le narcotrafic, la corruption menace directement les institutions locales et affaiblit l’autorité des élus et des agents publics. Pour contrer cela, le texte propose des mécanismes permettant aux maires de signaler plus facilement des commerces ou entités suspectes dans leurs municipalités. Ce dispositif inclut des outils de protection renforcée pour les élus et les agents publics, souvent exposés à des pressions ou menaces de la part des réseaux criminels.
Prévention et soutien social : un engagement global
Olivier Faure a souligné que la réponse socialiste face au narcotrafic ne saurait se limiter aux mesures répressives. Pour lui, un engagement profond sur les causes économiques et sociales de ce fléau est nécessaire. Faure insiste sur l’exploitation des populations les plus modestes par le trafic de drogue, affectant particulièrement les quartiers populaires.
Dans cet esprit, le Parti Socialiste prépare une convention nationale sur la sécurité, axée sur les racines de la consommation et du trafic : précarité, manque de services publics et insécurité économique dans les territoires vulnérables.
Vers un débat au Sénat
Portée par le Parti Socialiste, cette proposition de loi sera débattue au Sénat le 27 janvier 2024. Avec ce texte, Jérôme Durain et Olivier Faure espèrent instaurer une politique résolument ferme et structurée contre le narcotrafic, tout en offrant un soutien réel aux territoires les plus vulnérables. En conjuguant répression et soutien social, ils encouragent les élus locaux et les parlementaires à s’unir dans une mobilisation collective pour rétablir une sécurité durable, protéger les citoyens et affaiblir les réseaux criminels.
Un rendez-vous à Brest pour approfondir la stratégie socialiste contre le narcotrafic
Pour partager les solutions proposées et échanger autour des conclusions de la commission d’enquête, Jérôme Durain animera une conférence-débat à la faculté des lettres de Brest le 12 novembre à 19h00. Ce débat public sera une opportunité de mieux comprendre l’engagement socialiste pour la sécurité et la justice sociale.