Le 25 septembre, au Relecq-Kerhuon, les élus municipaux ont parlé d’une seule voix. À l’unanimité, le conseil a adopté un vœu appelant à un cessez-le-feu immédiat à Gaza et à la reconnaissance d’un État palestinien viable.
Dans une commune de 11 000 habitants, ce geste a une portée particulière. Les vœux municipaux ne changent pas le cours d’une guerre, mais ils rappellent que les conseils locaux ne sont pas seulement des lieux de gestion quotidienne. Ils sont aussi des espaces où s’affirme une conscience politique et humaniste, capables de porter une voix au-delà de leurs frontières.
Texte du vœu adopté par le conseil municipal du Relecq-Kerhuon (25 septembre 2025) :
VOEU DE SOUTIEN A GAZA ET A LA PALESTINE
Le Président de la République Emmanuel Macron a co-présidé ce 22 septembre 2025, aux côtés de Mohammed Ben Salmane, prince héritier saoudien, une conférence au siège des Nations Unies à New-York, consacrée à la mise en œuvre d’une solution à deux États actant de fait la reconnaissance de l’État de Palestine.
Les alertes répétées de l’ONU et des ONG sur l’urgence de la situation en Palestine, les bombardements incessants, les déportations massives des populations privées de tout, la famine décrétée et organisée par le gouvernement israélien, les spoliations continues des terres en Cisjordanie, la construction accélérée de colonies illégales constituent une grave atteinte au droit international et mettent en danger tous les peuples fragilisés par les guerres et qui pourraient s’y référer.
Si les massacres et les déportations des populations palestiniennes en cours sont une réplique punitive au massacre des 1 205 Israéliens du 7 octobre 2023, perpétré par le Hamas, la disproportion du nombre de victimes fait dire à Antonio Guterres, Secrétaire général de l’ONU, que la « situation est moralement, politiquement et juridiquement intolérable ».
Plus de 220 journalistes palestiniens ont été tués selon Reporters sans frontières, qui a initié ce mois de septembre une mobilisation de 150 médias dans une cinquantaine de pays. Le gouvernement israélien n’admet aucun journaliste indépendant, d’aucun média international, depuis l’incursion de Tsahal dans ce territoire, mais accuse les journalistes palestiniens de partialité, voire de complicité avec le Hamas, sans preuve.
En date du 9 juillet 2025, selon le Club de Mediapart qui s’appuie sur des enquêtes de l’agence Reuters et des témoignages du Guardian, 1 580 professionnels de santé ont été tués à Gaza dont 157 médecins et 366 infirmiers.
Ni les écoles, ni les universités, ni les bibliothèques ne sont épargnées. Tout est rasé comme le montrent les images satellites.
Le nombre d’enfants tués est particulièrement effrayant : entre 19 000 et 20 000 selon les sources. Ce sont les enfants, encore, qui sont les premières victimes de la famine voulue et organisée par le gouvernement israélien.
Bezalel Smotrich, son ministre de la Défense, a déclaré qu’il pourrait être « justifié et moral » d’affamer la population de Gaza. Itamar Ben Guir, ministre de la Sécurité nationale de ce même gouvernement, affirmait : « la seule chose qui doit entrer à Gaza, ce sont des centaines d’explosifs (…), pas une once d’aide humanitaire ». Nous sommes là en présence d’un crime de guerre avéré, défini par le Statut de Rome de la Cour pénale internationale.
Enfin, un dernier aspect dont il est rarement fait mention mais qui permettra aux instances juridiques de qualifier le génocide : le mémoricide, autrement dit l’effacement de la mémoire par la destruction de monuments historiques ou de vestiges archéologiques. Avant octobre 2023, l’UNESCO recensait 354 sites ou monuments historiques : beaucoup ont été détruits, voire rasés, telles l’église orthodoxe de Saint-Porphyre ou la grande mosquée de Gaza.
Un rapport de l’ONU sous la direction de sa rapporteuse spéciale, Francesca Albanese, fondé sur une étude méticuleuse des faits, a conclu qu’étaient actés quatre des cinq actes génocidaires définis par le traité international de 1948, connu sous le nom de « Convention sur le génocide » :
tuer,
causer des dommages corporels ou mentaux graves,
infliger délibérément des conditions de vie calculées pour entraîner la destruction totale ou partielle des Palestiniens,
imposer des mesures visant à empêcher les naissances.
Le 21 novembre 2024, la CPI (Cour pénale internationale) a émis des mandats d’arrêt à l’encontre du Premier ministre Benjamin Netanyahu, de Yoav Gallant, ex-ministre de la Défense, du président Isaac Herzog, pour crime de guerre, de famine, de crime contre l’humanité.
Il est plus que temps que ce cauchemar s’arrête, que l’humanité retrouve la raison, que l’ONU retrouve sa force et fasse valoir le droit.
L’initiative de la France est à saluer, mais puisse-t-elle être suivie de véritables sanctions à l’encontre du gouvernement israélien d’extrême droite, soutenu et armé de manière indéfectible par l’administration Trump, qui ne s’arrêtera qu’avec une pression internationale coordonnée et déterminée. Ce n’est qu’à ce prix que sera fondée une paix juste et durable qui reconnaît, aux côtés de l’État israélien, un État palestinien viable et souverain.
Le Conseil municipal du Relecq-Kerhuon demande que le gouvernement français, avec les instances internationales, mette tout en œuvre :
Pour exiger du gouvernement israélien un cessez-le-feu immédiat et permanent qui mette fin au génocide en cours ;
Pour permettre l’accès immédiat à l’aide humanitaire pour les populations de Gaza en détresse ;
Pour exiger des autorités israéliennes l’arrêt des colonisations illégales et de la destruction des biens palestiniens en Cisjordanie ;
Pour négocier la libération des otages détenus par le Hamas et la libération des prisonniers palestiniens arrêtés en masse arbitrairement et détenus sans procès.
Nous, élus de la République d’une démocratie fondée sur l’État de droit, nous nous devons d’être attachés au droit international, qui est la garantie de la paix dans le monde.