La troisième Conférence des Nations Unies sur l’Océan (UNOC3), coorganisée par la France et le Costa Rica et qui s’est tenue du 9 au 13 juin à Nice, vient de se clore. Pendant que l’exécutif soignait sa mise en scène, Mélanie Thomin et ses collègues du groupe socialiste sont venus avec du contenu : 80 propositions précises pour engager enfin une vraie politique de la mer.
Une conférence internationale, des attentes immenses, et un gouvernement toujours sans cap
Pendant trois jours, ONG, chercheurs, institutions et États ont défilé pour parler des océans. Mais côté gouvernement français, pas grand-chose à retenir. Pas de feuille de route, pas de calendrier. Juste des annonces recyclées. Dans ce flou diplomatique, les député·es socialistes ont préféré aller à l’essentiel.
« Moins de mots, plus d’actions », résume leur communiqué de presse publié le 10 juin.
Loin des discours creux, leur plan s’organise autour de quatre axes prioritaires.
Des propositions prêtes à l’emploi, pour celles et ceux qui veulent agir au lieu de patienter.
Quatre priorités, 80 mesures
1. Décarboner la filière maritime
Électrification des quais portuaires
Soutien aux carburants de transition comme le GNL ou l’hydrogène
Lancement d’un appel d’offres pluriannuel pour les énergies marines, en particulier l’hydrolien
2. Soutenir la recherche et la formation
Loi de programmation pour l’Institut polaire Paul-Émile Victor
Rénovation des stations scientifiques
Renforcement des filières maritimes dans l’enseignement secondaire et supérieur
3. Défendre la biodiversité et la pêche artisanale
Création de zones de repos biologique
Mise en place de mécanismes d’alerte face aux pollutions émergentes (sargasses, micropolluants)
Gouvernance locale partagée pour une pêche durable
4. Adapter nos littoraux au changement climatique
Intégration du recul du trait de côte dans les documents d’urbanisme
Création d’un fonds d’intervention pour le patrimoine maritime
Lancement d’une Journée nationale de la mer et d’une Académie du patrimoine
Un dossier complet des 80 mesures est mis à disposition pour les collectivités et les acteurs de terrain qui veulent avancer dès maintenant.
Brest en éclaireur
Sur place, François Cuillandre a présenté l’exemple brestois : trois quais déjà électrifiés, un premier partenariat en hydrolien, et une stratégie locale d’adaptation bien engagée.
Du côté parlementaire, Mélanie Thomin a notamment insisté sur l’urgence de permettre aux collectivités de lancer leurs projets en énergies marines renouvelables sans dépendre des arbitrages parisiens.
Institut des Océans : un projet brestois mûri depuis plus de dix ans, toujours sans réponse de l’État
Parmi les propositions portées à Nice par la délégation socialiste, la création d’un Institut des Océans au sein de l’Université des Nations Unies a été clairement remise en avant. Ce projet, porté depuis plus de dix ans à Brest, rassemble les forces scientifiques locales : UBO, IUEM, Ifremer, SHOM, IPEV, CEDRE autour du Campus mondial de la Mer.
La Région Bretagne avait confié une première mission à l’UBO en 2012. En 2017, le projet a été inscrit dans le Pacte d’innovation État–Métropole, signé à Brest en présence du Premier ministre. Depuis, Brest Métropole, avec François Cuillandre à sa tête, a multiplié les échanges avec des interlocuteurs onusiens. Mais aucune réponse claire n’a été donnée.
Une résolution parlementaire a été adoptée pour appuyer cette démarche. Elle reste aujourd’hui sans effet. Le 9 avril, François Cuillandre a écrit au président de la République pour relancer le dossier.
La balle est dans le camp de l’exécutif : « Si la volonté politique est là, les solutions seront trouvées. »
Et maintenant ? Aux élus locaux de jouer
Les parlementaires proposent plusieurs leviers pour relayer ces mesures à l’échelle des territoires :
Adoption de motions de soutien aux grandes orientations nationales comme l’Institut ou un ministère de la Mer
Candidature des collectivités aux appels à projets pour les énergies marines ou la recherche polaire
Révision des documents d’urbanisme pour intégrer les scénarios climatiques
Création de groupes locaux associant scientifiques, pêcheurs, ONG et élus
Ce que l’État n’a pas fait, les territoires peuvent le commencer
L’UNOC3 aura servi de vitrine. À nous d’en faire un point de départ. Le rapport de force passe désormais par les ports, les intercommunalités, les syndicats mixtes, les lycées maritimes, les collectivités de terrain. Le cadre est posé.
La balle est dans le camp de celles et ceux qui n’attendent pas que Paris décide pour avancer.
80 propositions des socialistes