Dans un calendrier législatif déjà chargé, la généralisation du Compte Financier Unique se précise. Prévus pour 2026, les premiers CFU obligatoires s’imposeront à toutes les collectivités dès 2027. Derrière cette réforme, qui fusionne le compte administratif et le compte de gestion, se dessine une promesse de simplification, mais aussi une série de défis pour les communes rurales et les petites intercommunalités.
Le Compte Financier Unique deviendra donc la norme pour toutes les collectivités locales à partir de 2027. Ce virage, amorcé depuis plusieurs années et désormais inscrit dans la loi de finances pour 2024, devrait faire l’objet d’une ordonnance d’ici le 29 juin 2025. L’objectif affiché : simplifier la présentation des comptes publics en fusionnant le compte de gestion du comptable public et le compte administratif de l’ordonnateur. Sur le papier, la réforme séduit. Dans la mise en œuvre, elle interroge, surtout dans les territoires où les ressources humaines et techniques sont contraintes.
Une réforme technique, mais largement engagée
Entre 2021 et 2023, près de 5 000 collectivités ont déjà expérimenté le CFU, de la petite commune à l’intercommunalité. D’après une enquête menée par les services de l’État, 77 % des collectivités ayant testé le dispositif en reconnaissent l’intérêt, en particulier pour la simplification du processus comptable. La double vérification entre les comptes de gestion et les comptes administratifs disparaît, les présentations gagnent en lisibilité, et la coopération entre services communaux et comptables publics s’en trouve renforcée.
Ce retour d’expérience, salué par les associations d’élus et le Comité des finances locales, conforte la perspective d’une généralisation dès 2027, avec une première production obligatoire des CFU attendue en 2026.
Une marche à franchir pour les petites collectivités
Mais ce consensus apparent ne doit pas masquer les difficultés structurelles qui persistent dans les petites communes. Si l’intérêt du CFU n’est pas contesté, sa mise en œuvre pourrait s’avérer complexe dans des territoires où les équipes sont réduites, peu formées à la dématérialisation, et où les outils comptables restent parfois rudimentaires.
L’Association des maires de France demande ainsi que le futur CFU tienne compte de la diversité des collectivités. Des adaptations sont espérées, notamment pour les communes de moins de 3 500 habitants : allègement des annexes, exclusion de certains budgets annexes comme ceux des centres communaux d’action sociale, ou encore maintien d’un délai de transition pour certains périmètres comptables.
Un besoin d’accompagnement renforcé
L’ordonnance attendue devra répondre à ces préoccupations. Elle pourrait intégrer des mesures transitoires ou différenciées, en tenant compte de l’intérêt réel d’une intégration des différents budgets, plutôt que d’une application uniforme. Le rôle des conseillers aux décideurs locaux, cadres des finances publiques déployés dans les territoires pour accompagner les élus, sera également déterminant pour accompagner le changement et lever les éventuelles difficultés techniques.
Si le Compte Financier Unique est souvent présenté comme une avancée comptable attendue, sa généralisation pose une question simple : la simplification peut-elle vraiment être au service de tous, sans distinction, si elle ne s’adapte pas aux réalités de terrain ? L’année 2025, entre ordonnance et ratification, sera décisive pour y répondre.
Liens utiles
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Bilan de l’expérimentation du Compte Financier Unique (Vie publique)
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Consultez la fiche technique réalisée par la Direction générale des Finances publiques et présentée lors d’une réunion de l’AMF le 5 mars 2024 :
Le compte financier unique -
Présentation du rôle des conseillers aux décideurs locaux (Aides-territoires)